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Le temps de la transparence

Chroniques | publié le : 22.05.2023 |

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Le temps de la transparence

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Benoît Serre vice-président délégué de l’ANDRH

Depuis plusieurs années déjà, avec l’émergence des plateformes comme des pratiques répandues d’auto-évaluation des services de tous ordres, la communication interne des organisations s’est peu à peu adaptée. Il est loin le temps où elle était maîtrisée de bout en bout par l’entreprise, laissant à ses bénéficiaires le soin de croire ou ne pas croire. Désormais, chacun a tous les moyens de vérifier par lui-même la véracité des affirmations – malgré les risques connus de manipulation ou de parcellisation de l’information. Il n’en demeure pas moins que l’habitude est prise, par les candidats notamment, de trouver des informations parfois précises, voire de contacter des personnes de l’entreprise elle-même via les différents réseaux.

Bien évidemment, les enjeux de marque employeur des entreprises ont intégré ces pratiques en développant, notamment chez leurs propres collaborateurs, des compétences d’ambassadeur de leur marque comme un nouveau rôle. L’humanisation de la communication est installée et il serait vain de penser que l’on puisse durablement non pas cacher, mais améliorer une réalité non vécue… Pourtant, on observe depuis quelque temps un phénomène renforcé puisque, jusqu’à maintenant, les questions de marque employeur concernaient essentiellement l’externe pour renforcer l’image et attirer les talents. Cela reste vrai, mais se rajoute aujourd’hui la maîtrise de la marque employeur en interne, car les collaborateurs sont très sensibles à la cohérence interne entre le discours externe et la pratique interne telle qu’ils la vivent. On retrouve cette vigilance, souvent dans un esprit positif d’ailleurs, pour que l’entreprise continue d’attirer mais surtout de fidéliser ses équipes. Dans la période de pénurie de recrutement que nous connaissons, être capable de fidéliser constitue sans doute l’une des meilleures réponses à un enjeu démographique dont nous commençons à percevoir les effets. Ceux-ci seront durables.

Certes, la capacité à donner des perspectives, la qualité du quotidien managérial, l’ambiance interne, l’accès à la formation, la reconnaissance financière et non financière sont autant d’outils à la disposition des RH pour fidéliser les équipes et gagner cette bataille des talents que chacun connaît et vit. Pour autant, à côté de politiques efficaces autour de ces éléments, il est indispensable de renforcer la transparence et la cohérence de l’entreprise elle-même pour celles et ceux qui la composent. La capacité à trouver de l’information peut conduire à penser qu’une information non transmise en interne peut se trouver autrement et constituer ainsi un élément de non-transparence. Ce comportement n’est pas de nature soupçonneuse puisqu’il est le relais logique des modèles associatifs de management désormais assez largement répandus.

Par ailleurs, en plus des outils de communication interne, digitaux ou non, présents dans les organisations, il en existe de nombreux générés par les collaborateurs eux-mêmes, entre eux et indépendamment des organisations pensées. Ce n’est pas une remise en cause du management ou de la hiérarchie, c’est la traduction d’une volonté d’avancer, de co-construire et de s’organiser plus librement pour être plus efficace. C’est aussi un moyen de gagner une autonomie dans le travail – souhaitée par beaucoup et qui repose sur la confiance et la collaboration naturelle d’équipes partageant des enjeux communs.

Ces différentes capacités de chacun à communiquer, à s’organiser, à coopérer, à vérifier ou à promouvoir sont des opportunités fortes pour les organisations, à condition toutefois qu’elles acceptent la conséquence de ces nouvelles pratiques que sont la cohérence entre acte et discours et la transparence des décisions, des orientations, des réussites mais aussi des erreurs et des échecs. Ce peut être un exercice difficile parfois lorsque certains estiment que la détention de l’information est un élément du pouvoir et de l’autorité. Ce fut le cas longtemps, mais la surinformation, le risque de désinformation comme l’accès à toutes les informations conduisent à penser que puisque plus rien ne peut se cacher, autant tout montrer et en être fier !