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Les nouvelles mobilités se muent en innovations sociales

Tendances | publié le : 15.05.2023 | Lys Zohin

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RSE : Les nouvelles mobilités se muent en innovations sociales

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Enjeu pour l’environnement, les mobilités le sont aussi pour les DRH. Non seulement la tendance est à la mobilité douce et au verdissement des déplacements, mais en plus, certaines entreprises incluent dans les avantages aux salariés des initiatives de nature à faire changer les comportements et à améliorer le bien-être.

Prendre sa voiture (à moteur thermique, vraisemblablement) pour aller travailler ? Si c’était en 2017, selon les données de l’Insee, le cas pour 74 % des actifs en emploi (tandis que 16 % prenaient les transports en commun et 8 % avaient recours aux modes de transport doux, dont 6 % à la marche et 2 % au vélo), au point que, en cette période de hausse des prix du carburant, le gouvernement a dû voler au secours des automobilistes, l’idée paraît aujourd’hui, télétravail et lutte contre le dérèglement climatique aidant, presque incongrue. Non seulement l’État a mis en place un forfait mobilités durables, entré en vigueur le 11 mai 2020 pour la fonction publique (d’État, territoriale et hospitalière), puis étendu (de façon facultative) aux entreprises privées, exonéré de cotisations et de contributions sociales, et s’élevant au montant maximum de 700 euros par an et par salarié en 2023, mais en plus, rien n’empêche les employeurs de prendre de nouvelles initiatives en ce sens. Et ils le font. D’autant que des sociétés se sont spécialisées dans ces offres de services auprès de clients-employeurs. C’est vrai pour les flottes dont disposent les entreprises pour offrir un véhicule de fonction ou simplement un outil de travail à leurs salariés. Il faut d’abord les verdir. Au-delà de la création de zones à faibles émissions (ZFE) dans les métropoles de plus de 150 000 habitants (43 agglomérations), depuis le 1er janvier 2022, les entreprises privées ayant plus de 100 véhicules en parc doivent intégrer au moins 10 % de véhicules à faibles émissions dans leur renouvellement annuel, quota qui devra être de 20 % en 2024, de 35 % en 2027 et atteindre 50 % en 2030, « les DRH sont de plus en plus sensibilisés à la question des mobilités, qui fait désormais partie non seulement de la RSE, mais aussi d’enjeux RH plus larges », relève David Decultot, directeur conseil ALD Business Intelligence chez ALD Automotive, filiale du groupe Société Générale spécialisée dans la location longue durée et la gestion de parc automobile.

De fait, la mobilité devient un thème à aborder lors des négociations annuelles obligatoires (à la rubrique qualité de vie au travail) pour les entreprises de plus de 50 salariés : organisation du travail (télétravail, horaires), prise en charge des frais de trajets, incitation à utiliser des mobilités alternatives à la voiture individuelle doivent être discutées. Et en l’absence d’accord à l’issue des discussions, l’entreprise est tenue de réaliser un Plan de mobilité. D’autant qu’obligation est également faite aux entreprises de plus de 500 salariés de procéder à un bilan des émissions de gaz à effet de serre, qui inclut, depuis le 1er janvier 2023, le Scope 3, autrement dit, les émissions indirectes, comprenant donc les trajets domicile-travail des salariés. « Autant d’éléments qui incitent les RH à encourager les collaborateurs à verdir eux-mêmes leur comportement de mobilité », précise David Decultot.

Plateformes tout-en-un

Comment font les responsables RH ? Certains utilisent des solutions telles que celles proposées par ALD Automotive. Ainsi, pour les véhicules de fonction, les bénéficiaires peuvent, dans le cas d’une voiture électrique, profiter de l’installation d’un système de recharge à domicile, assorti d’une avance sur leur facture d’électricité, facturée ensuite à l’entreprise. En outre, ils peuvent choisir de descendre d’une catégorie de voiture, afin de jouir d’autres avantages, qui viennent alors en complément de leur véhicule de fonction : cela peut être un vélo de fonction ou la possibilité, plusieurs fois par an, d’avoir un véhicule thermique ou hybride pour leurs vacances. Ces cadres peuvent même renoncer au véhicule de fonction et utiliser le budget lié pour l’acquisition d’un vélo, la location ponctuelle d’un véhicule ou l’achat de billets de train pour toute la famille. Par ailleurs, pour les autres salariés, certaines entreprises adoptent des plateformes tout-en-un, qui, au-delà du covoiturage et, désormais, du vélo-partage, permettant de configurer l’ensemble de leur politique de mobilité, en définissant les produits, les règles et les budgets, pour proposer une carte mobilité complète, qui inclura les dépenses en tickets de métro et la location de vélib ou de trottinette, selon diverses formules pour les financer (budget mis à disposition, remboursement sur justificatifs ou déclaration sur l’honneur). « Nombre de DRH prennent ainsi en compte la question du pouvoir d’achat et de la trésorerie des salariés », poursuit David Decultot. Et bien sûr, ils sont à l’écoute des candidats à l’embauche, de plus en plus soucieux des actions RSE des entreprises, en particulier face au défi climatique.

Temps de trajet responsable

Certains employeurs vont encore plus loin. Ainsi, la société Ubiq, qui gère une plateforme pour rechercher des bureaux en France, a inventé le temps de trajet responsable, le « TTR », en place depuis janvier 2023. Sachant qu’un passager en avion émet 20 fois plus de CO2 par kilomètre qu’un passager en train, l’entreprise a décidé d’écouter ses 30 collaborateurs, qui souhaitaient privilégier les trajets en train pour leurs voyages personnels en Europe, là où l’avion aurait été le plus rapide. Selon l’accord passé, celui ou celle qui choisit un trajet plus responsable – pour faire un Paris-Milan ou un Paris-Vienne, par exemple, bénéficie, puisqu’il faut davantage de temps pour voyager, d’une journée « semi-off », dans les limites d’un total de deux jours de congés payés supplémentaires par an, qui peuvent être fractionnés en demi-journée pour plus de flexibilité. Pendant ce temps de transport, le salarié peut répondre à ses e-mails, lire une étude ou réfléchir à un sujet de fond, puis profiter pleinement de son week-end à impact carbone limité… « Un moyen à notre échelle de participer, en tant qu’entreprise, à la réduction de l’empreinte carbone à travers nos collaborateurs », déclare Mehdi Dziri, directeur général d’Ubiq, qui a fait le calcul : le coût du TTR est estimé à 600 ou 700 euros par salarié par an. Une somme modique pour « travailler la RSE et engager les salariés autour d’une culture d’entreprise forte », conclut-il.

Auteur

  • Lys Zohin