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Prévention : Les salariés de WeWard sont payés pour marcher

Sur le terrain | publié le : 08.05.2023 | Nathalie Tissot

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Prévention : Les salariés de WeWard sont payés pour marcher

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Les quelque 30 collaborateurs de cette société parisienne, qui a développé une application mobile récompensant les utilisateurs en fonction du nombre de pas qu’ils effectuent dans la journée, peuvent toucher entre 5 et 15 euros d’indemnités mensuelles en faisant à pied leurs allers-retours domicile-travail. WeWard espère proposer sa solution aux entreprises dans les prochains mois.

La start-up WeWard, créée en 2019, était toute destinée à instaurer une indemnité kilométrique marche à pied pour ses salariés. Son application mobile gratuite, qui récompense depuis quatre ans les utilisateurs en fonction du nombre de pas qu’ils effectuent dans la journée grâce au podomètre présent dans leur smartphone ou leur montre connectée, compte déjà 20 millions de téléchargements dans le monde. En janvier 2023, les fondateurs ont décidé d’appliquer un principe similaire à la trentaine de collaborateurs que compte la jeune pousse pour leurs trajets domicile-travail à pied, d’autant que ces start-uppeurs déplorent que la marche, pourtant le moyen de déplacement le plus écologique, ne soit pas inscrite dans le « forfait mobilités durables » entré en vigueur en 2020. Il permet aux employeurs de prendre en charge tout ou partie des frais de transport des salariés utilisant le covoiturage, le vélo ou la trottinette électrique pour se rendre au travail et complète l’obligation de remboursement de moitié des frais d’abonnement aux transports en commun.

« Nous avons une sorte de championnat interne sur l’application. Tous les salariés sont inscrits, explique Nathalie Dray, responsable RH. Ceux qui cumulent 6 000 pas en moyenne quotidienne, soit environ une heure de marche, touchent 5 euros. Pour 10 000 pas, 10 euros et pour plus de 15 000 pas, 15 euros. » Cette prime, notée sur le bulletin de salaire, est versée à la fin du mois. Résultat : trois mois après sa mise en place, un tiers des effectifs de WeWard la perçoit. « Cela commence à devenir un défi entre collaborateurs, nombreux sont ceux qui se piquent au jeu », constate-t-elle. Chaque salarié peut en effet voir les performances de ses collègues, l’objectif étant pour certains de se situer en tête du classement.

Des équipes motivées

L’entreprise, basée à Paris, estime augmenter ainsi de 24 % le temps de marche de ses salariés et assure, avec cette indemnité, encourager le retour sur le lieu de travail, permettre un complément de revenus et améliorer la santé physique et morale des équipes.

D’après l’Insee, en 2017, les trois quarts des actifs en emploi déclaraient encore utiliser leur voiture pour rejoindre leur lieu de travail, 16 % les transports en commun, 6 % la marche et 2 % le vélo. Pour les distances de moins de cinq kilomètres, la voiture représentait 60 % des déplacements domicile-travail. L’enjeu de réduire les émissions de CO2 dues à la voiture est donc de taille. « En moyenne, je fais 7 500 pas par jour. Cela peut varier selon que je suis en télétravail ou non, témoigne Florian Marckmann, développeur généraliste et déjà adepte de l’application à titre personnel avant son arrivée dans l’entreprise en septembre 2022. Je trouve cela bien de dire : “Vous allez descendre deux ou trois arrêts de métro plus tôt, vous n’êtes pas obligés et vous êtes récompensés”. Ce n’est pas du tout une pression de l’employeur et à la fin du mois, cela me motive même pour faire à pied des trajets que j’aurais effectués auparavant d’une autre manière », précise-t-il.

Marie-Sophie Koeberlé, cheffe d’équipe chez WeWard, est d’accord. « C’est une très bonne initiative, à la fois innovante et ludique. Avec un très bon esprit. Nous nous encourageons et nous ne culpabilisons personne », dit-elle. Ce nouveau dispositif a rendu régulière sa pratique de la marche. Au lieu d’effectuer un changement dans le métro parisien, elle rejoint à pied une station sur une ligne qui dessert directement le siège de WeWard dans le 16e arrondissement et enregistre ainsi près de 7 000 pas en moyenne par jour. « Travailler dans une entreprise engagée, c’est très important pour moi », ajoute la jeune femme de 27 ans qui regrette que la marche soit encore trop peu valorisée par rapport au vélo ou au covoiturage.

Pour l’instant, l’indemnité kilométrique marche n’en est qu’à ses débuts et aucune exonération de cotisations sociales et patronales n’est prévue, comme le souligne Nathalie Dray. Elle a cependant déjà été contactée par plusieurs entreprises qui souhaitent la mettre en place pour leurs collaborateurs. Autant dire que la marche est sur le bon chemin…

Auteur

  • Nathalie Tissot