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Exposition aux risques : Les femmes sont plus touchées que les hommes par les maladies professionnelles

À retenir | publié le : 08.05.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Les données de Santé publique France montrent que les femmes sont plus affectées que les hommes par les troubles musculo-squelettiques et la souffrance psychique.

Moins connues que les maladies professionnelles (MP), les maladies à caractère professionnel (MCP) viennent de faire l’objet d’un rapport de Santé publique France sur leur évolution, de 2012 à 2018. Les pathologies les plus fréquentes sont les troubles musculo-squelettiques (TMS) et la souffrance psychique, suivis des troubles de l’audition ainsi que des irritations et des allergies. Contre toute attente, les TMS sont de plus en plus présents chez les femmes, passant de 3,1 % à 4,4 % pour les femmes et de 2,4 à 3,2 % pour les hommes. Si près de la moitié des pathologies signalées pour les hommes étaient des TMS dont environ un tiers relevant de la souffrance psychique, suivies par les troubles de l’audition et les irritations et/ou des allergies (représentant chacune moins de 5 % des pathologies signalées), parmi les femmes, les souffrances psychiques ont été en augmentation constante entre 2012 et 2018 (passant de 42 % à 52 %), suivies par les TMS, avec 40 % des signalements, puis les irritations et les allergies (2 % à 4 % selon les années), et les troubles de l’audition (moins de 0,5 %).

Sur la période étudiée et quelle que soit l’année, les femmes sont donc davantage touchées que les hommes par les TMS. Stable jusqu’en 2015, la prévalence augmente ainsi jusqu’en 2018, passant de 3,1 % à 4,4 % pour les femmes (et de 2,4 % à 3,2 % pour les hommes).

Répartition sociale

La répartition sociale de ces pathologies est très marquée : les ouvrières sont 4 à 11 fois plus touchées que les cadres et les ouvriers jusqu’à 16 fois plus. C’est dans la construction que les hommes sont les plus touchés (4,4 % à 5,7 %) et, pour les femmes, dans les secteurs du transport (variation de 2,1 % à 7,3 %), l’industrie (jusqu’à 5,8 %) ou le secteur médico-social (jusqu’à 5,6 %). Alors que près de 70 % de ces TMS correspondaient à un tableau de maladies professionnelles, plus des trois quarts n’avaient fait l’objet d’aucune déclaration « en raison principalement d’un bilan diagnostic insuffisant ou d’une méconnaissance du salarié », précise le rapport.

Les femmes sont aussi plus touchées par la souffrance psychique (3,5 % à 6,2 % selon les années), avec une prévalence deux à trois fois supérieure à celle des hommes (1,8 % à 2,7 %), en augmentation progressive entre 2007 et 2018. Les femmes sont plus affectées entre 35 et 44 ans et les hommes entre 45 et 54 ans. En termes de catégorie sociale, la souffrance psychique était, selon les années, trois à six fois plus élevée chez les cadres (6,1 % en 2018) que chez les ouvriers (1,3 %), les femmes cadres étaient plus touchées (11,5 %) que les ouvrières (3,2 %). La pathologie la plus fréquente est la dépression, avec une prévalence variant de 0,6 % à 1,3 % chez les hommes et de 1,5 % à 3,7 % chez les femmes.

Dans 99 % des cas, la souffrance psychique a pour origine des facteurs organisationnels, relationnels et éthiques (Fore). En 2018, 45 % d’entre eux relevaient de l’organisation fonctionnelle du travail (surcharge ou sous-charge de travail, changements dans l’organisation, dysfonctionnements dans les prescriptions hiérarchiques, déficit de reconnaissance, manque de moyens). La deuxième catégorie de Fore les plus évoqués relevait de la « sphère relationnelle » (qualité de la relation au travail avec la hiérarchie ou les pairs, et violences, aussi bien en interne qu’en externe) et représentait 27,5 % des Fore associés à la souffrance psychique chez les hommes et 36,6 % pour les femmes.

Les maladies à caractère professionnel

Si les maladies professionnelles (MP), répertoriées dans les tableaux officiels, sont reconnues et indemnisées par certains régimes de sécurité sociale, elles ne reflètent que partiellement l’impact sanitaire réel des risques professionnels. Certaines pathologies en lien avec le travail ne sont pas reconnues comme maladies professionnelles par les régimes de sécurité sociale et sont en partie prises en charge par l’assurance maladie générale. Ces maladies à caractère professionnel (MCP), reconnues par la loi dès 1919, sont définies comme des affections ou des symptômes « susceptibles d’être d’origine professionnelle et n’ayant pas fait l’objet d’une reconnaissance par les régimes de sécurité sociale ». Afin de mieux les détecter, ces maladies doivent être déclarées par chaque médecin (art. L 461-6 du Code de la sécurité sociale), mais rares sont ceux qui se plient à cette obligation. Santé publique France, en partenariat avec l’Inspection médicale du travail et les observatoires régionaux de santé, mène depuis 2003 un programme de surveillance des MCP chez les salariés.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins