En effet, la demande en recrutement a augmenté de 50 %, notamment sur notre plateforme Meteojob, ces derniers mois. Les secteurs les plus touchés par la pénurie de talents sont déjà connus, ce sont la restauration, la logistique, le BTP, les services à la personne, mais nous notons aussi désormais une forte demande dans l’industrie de production. Et alors que la croissance économique stagne actuellement, les tensions sur le marché de l’emploi restent vives… D’ailleurs, si, en décembre, nous avions un chiffre mensuel de 300 000 offres d’emploi sur le site Meteojob, nous sommes actuellement à 340 000. Enfin, le taux de chômage de la France a beau être encore relativement élevé si on le compare à d’autres niveaux européens, dont celui de l’Allemagne, la tendance de fond est la même. Elle tient à la baisse attendue de la population active en Europe pour les années à venir, en raison du vieillissement de la population. La France est mieux placée que l’Allemagne en ce qui concerne le renouvellement de la population, mais il n’empêche, le marché de l’emploi devrait y rester très tendu dans les prochaines années…

Il faut en effet élargir l’entonnoir, notamment grâce à la technologie. Ainsi, les outils, dont ceux que nous utilisons, à base d’intelligence artificielle (IA), permettent à la fois d’intituler les postes de telle façon que les candidats qualifiés sont évidemment touchés, mais aussi ceux dont les fonctions occupées sont proches, et qui pourraient donc acquérir rapidement les compétences nécessaires s’ils étaient embauchés. De même, les outils intelligents peuvent détecter les soft skills dans le but de faire le meilleur matching possible. Enfin, l’IA permet également, à partir de l’analyse des parcours professionnels, de faire des passerelles pour des reconversions, notamment, en déterminant les parcours les plus probables pour une reconversion réussie. Grâce à nos outils, nous multiplions ainsi par trois le nombre de candidats !

Non, ces outils ne suffisent pas. Il s’agit en fait de repenser les processus de recrutement en général. À cet égard, nous utilisons aussi les entretiens vidéo différés, notamment pour certains postes où le relationnel (postes commerciaux, en contact avec de la clientèle…) est important. Un tiers des candidats présélectionnés par nos clients à la suite de ces entretiens auraient été éliminés sur la seule foi de leur CV. Et cela permet aussi de juger de la motivation du candidat. De nos jours, un CV est très facile à télécharger, de même qu’une lettre de motivation, qui peut même être écrite par un logiciel intelligent, mais réaliser une petite vidéo dans laquelle le candidat s’exprime sur son projet professionnel demande quelques efforts et apporte bien des renseignements, que les recruteurs analysent eux-mêmes ensuite. Car il ne s’agit pas de tout confier à l’IA… Toujours est-il qu’un candidat motivé par un poste au point de consacrer quelques minutes à réaliser une vidéo sera, s’il est embauché, un salarié plus engagé. Enfin, certains outils permettent aussi de dialoguer avec les candidats, ce qui offre la possibilité à l’employeur potentiel de montrer rapidement son intérêt. Il s’agit donc, en fait, de digitaliser l’ensemble du processus de recrutement, pour le fluidifier, en pensant avant tout expérience candidat, comme on pense ensuite expérience collaborateur. Restera ensuite, pour les responsables des ressources humaines, à mieux optimiser l’usage de ces outils intelligents, encore largement sous-exploités, de mon point de vue, pour les formations et les reconversions. C’est un aspect stratégique pour les entreprises que de définir la bonne évolution de carrière, la bonne orientation, le bon parcours pour une employabilité maximum et le bon accompagnement.