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Manpower remet les retraités américains au travail

À retenir | publié le : 01.05.2023 | Caroline Crosdale

En 2021, aux États-Unis, l’agence d’intérim a lancé un programme spécial « salariés matures », qui propose des missions plus ou moins longues aux plus de 55 ans.

Laurel McDowell s’apprêtait à prendre sa retraite, après avoir passé 27 ans chez le spécialiste de l’intérim Manpower. « Je travaillais 60 à 70 heures par semaine, se souvient-elle, j’avais envie de ralentir et de prendre du temps pour moi. » À 69 ans, elle n’a pourtant pas eu beaucoup de temps libre. « Je me suis seulement arrêtée deux mois », confesse-t-elle. Et pour cause, la direction de Manpower lui a fait une proposition qu’elle n’a pas eu envie de refuser. Il s’agissait de coordonner le programme Job Connections for Mature Workers. La souriante sexagénaire consacre aujourd’hui 25 heures par semaine à cette tâche. « J’ai toujours besoin de contribuer à la société, dit-elle. J’aime créer de la valeur. » Le reste du temps, elle fait de la marche et s’occupe de ses quatre petits-enfants. « J’avais fait des études d’art à l’université, poursuit-elle. J’ai eu envie de me remettre au dessin et à la peinture. Et c’est une passion que je transmets à mes petits-enfants. »

Depuis plusieurs années, la direction de Manpower planchait avec celle de l’AARP (American Association of Retired Persons) sur l’emploi des plus de 55 ans. En 2021, les deux organisations ont lancé le fameux programme, sur l’ensemble du territoire américain. Et après l’épidémie et les périodes de confinement, un certain nombre d’entreprises clientes se sont intéressées aux candidats plus âgés. « Un tiers des sociétés acceptent de regarder dans notre vivier de talents matures », dit-elle. D’autant que le marché de l’emploi est toujours très tendu outre-Atlantique, avec un taux de chômage en dessous de 4 %. Conséquence de cette situation, les qualités des plus de 55 ans apparaissent comme plus désirables… « Ils sont prêts à travailler, ont de l’expérience et peuvent être productifs très rapidement », explique la coordinatrice. Les quinquas et les sexagénaires ont en outre la réputation d’être ponctuels et fiables. « On peut compter sur eux, poursuit-elle. Ils font leur travail sans qu’on ait besoin de passer derrière eux. Et ils savent s’adapter. Ils ont connu tellement de changements dans leur vie qu’ils ont l’habitude de relever des défis… » Et si besoin est, Manpower est prêt à les former gratuitement pour ajuster leur CV à l’offre d’emploi.

Bien sûr, la responsable du programme, qui fait elle-même partie de ce vivier mature, tend à présenter ses candidats sous leur meilleur jour. Ils sont, en tout cas, nombreux. Selon Laurel McDowell, ce sont des « centaines et des centaines » de personnes, prêtes à candidater pour les missions proposées par Manpower. Des missions de quelques semaines, voire de plusieurs mois.

Recrutement sur Facebook

Laurel McDowell s’est rapprochée de plusieurs associations pour agrandir son pool de prospects. Elle collabore avec l’AARP, mais aussi le réseau Encore, le Jewish Family Services et l’Age Friendly Institute. Elle est également très active sur les réseaux sociaux : Facebook, LinkedIn, Instagram… Très fréquenté par les grands-parents, Facebook s’avère ainsi être un bon terrain de chasse pour publier ses offres de mission.

La coordinatrice a créé une petite équipe de recruteurs d’un certain âge, qui savent trouver les mots pour retenir les candidats. Chaque éventuel demandeur passe un entretien avec l’un des membres, dont le message est : « Nous vous entendons, nous vous voyons, nous comprenons vos défis ». Il y a ceux qui ont toujours besoin de se sentir utiles à la société, et ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois. Beaucoup ont quitté leur poste, en préretraite, au plus fort de l’épidémie. « Leur travail leur faisait peur », explique Laurel McDowell. Désormais, ils sont prêts à revenir. Et les employeurs sont plus attentifs, face à leurs demandes. Les spécialistes de Manpower voient ainsi passer de nombreuses offres de services à la clientèle, des postes hybrides, ou même des fonctions à exercer totalement à distance. Laurel McDowell est fière d’avoir attiré dans ses filets Linda, une ancienne secrétaire de direction. Cette dernière avait envie de mieux contrôler son emploi du temps. Laurel McDowell lui trouve des missions intéressantes, entre deux plages de loisir. Wendy, une autre star du programme, était cadre dans l’administration des écoles. Elle est devenue spécialiste à temps partiel de l’intégration des nouvelles recrues en entreprise. Et comme elle se débrouille plutôt bien, elle a été promue concierge du programme – à temps plein…

Auteur

  • Caroline Crosdale