La transition écologique crée un débat sur l’avenir des emplois industriels. Lorsqu’une usine polluante fermera, est-ce que les salariés retrouveront un emploi dans les filières d’avenir ? Plusieurs études prospectives, notamment de l’Ademe, ont documenté un vivier d’emplois dans les énergies renouvelables, les transports terrestres sobres en énergie et l’efficacité énergétique du bâtiment résidentiel. Le défi résiderait dans la formation et la répartition de ces activités sur le territoire, qui nécessitent une anticipation des politiques publiques. La CEPII, institut de recherche lié à Matignon, appelle à tirer les leçons de la précédente vague de désindustrialisation, aux conséquences dommageables pour l’emploi. Son étude se fonde sur le devenir des licenciés entre 1997 et 2019. Elle conclut que « contrairement à l’hypothèse de destruction créatrice », les plans sociaux dans l’industrie « n’ont pas permis de réallocations de main-d’œuvre bénéfiques pour l’économie locale ». En effet, les salariés qui ont retrouvé un emploi « travaillent dans des entreprises plus petites, moins créatrices de valeur et qui ont en moyenne un taux d’investissement 36 % plus bas que celles où sont employés les salariés n’ayant pas subi de plan social ». Par ailleurs, les zones d’emploi où un plan social a eu lieu connaissent « moins de créations d’entreprises, les emplois y sont plus précaires et le taux de chômage y est, six ans après, 12 % supérieur à celui des zones non touchées ». Les auteurs appellent à verdir les sociétés existantes plutôt que de tenter de transférer les emplois d’un secteur à un autre.