logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le point sur

Pilier 5 : la confiance

Le point sur | publié le : 24.04.2023 |

Selon Pierre-Laurent Seguin, « la responsabilité est impossible sans confiance. J’aimerais illustrer cette idée en partageant une belle histoire. Cela se passe dans un grand groupe, qui prépare son vingt-deuxième PSE et vient de connaître un changement de direction générale et un renouvellement du comité exécutif. Le groupe souhaite fermer un site, décision m’apparaissant alors comme une véritable erreur économique qui aura par ailleurs de graves conséquences sociales et un impact fort sur l’économie locale. En outre, je suis rapidement convaincu que les économies espérées, de court terme, ne seront jamais au rendez-vous sur le long terme. Dans le même temps, le représentant du syndicat majoritaire refuse de saisir les opportunités de dialogue que lui offre la nouvelle direction. Sur le moment, je ne comprends pas cette position. D’un point de vue rationnel, nous sommes dans une configuration de type “pari de Pascal” : en acceptant la main tendue, il ne perdrait rien de plus que s’il la repousse. Le gain qu’il obtiendra peut s’avérer faible in fine, mais il sera toujours plus élevé que celui de la posture de refus, de la chaise vide. Nous sommes donc dans un état de blocage qui semble nous conduire tout droit vers une issue où tout le monde sera perdant. Cela semble n’avoir aucun sens ! Je fais part de mon incompréhension au délégué syndical en question, qui me répond : “C’est le vingt-deuxième PSE, j’en ai déjà vécu vingt et un avant et cela s’est toujours passé de la même manière. La direction fait toujours ce qu’elle a décidé et se fiche de nos propositions. Pourquoi cela serait-il différent cette fois-ci ? Pourquoi ferais-je confiance à la direction cette fois-ci ?”. J’en fais part aux dirigeants qui me demandent de préparer une déclaration disant que la direction s’engage formellement à être loyale dans la négociation et à lancer un processus devant aboutir à un diagnostic partagé de la situation économique. C’est cet engagement de loyauté qui emporte l’acceptation du CSE d’entrer dans la démarche. Finalement, un diagnostic partagé est conduit et permet d’aboutir à une solution totalement différente de celle qui avait été initialement prévue : d’un projet de fermeture de site de production, nous sommes passés à un investissement de 15 millions d’euros sur le site ! Et selon le DRH, les relations sociales ont totalement changé après cet épisode. Il y a eu une sorte de déclic collectif. Et ce déclic, c’est l’idée partagée que l’échange est possible, avec une certaine confiance, et peut être utile, même s’il existe de profonds désaccords. En somme, la responsabilité sociale ne peut s’exercer qu’à force d’accumuler de la confiance : en accumulant des expériences de négociation, on élève le niveau d’ambition de la négociation et l’on accroît le champ des possibles. C’est un cercle vertueux, qui se construit dans le temps de manière itérative. Autant dire, en conclusion, que la responsabilité sociale ne se décrète pas… »