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Emploi : Le plan contre le chômage de longue durée affiche des résultats mitigés

À retenir | publié le : 24.04.2023 | Gilmar Sequeira Martins

La Cour des comptes établit un bilan en demi-teinte mais positif de la stratégie de Pôle emploi pour rediriger des demandeurs d’emploi de longue durée vers les secteurs en tension, en place depuis septembre 2021.

Le gouvernement a-t-il réussi son pari ? En septembre 2021, il lançait un plan afin de pourvoir les besoins des secteurs en tension avec des demandeurs d’emploi de longue ou de très longue durée (DELD). Une action similaire avait déjà été menée en 2011. La Cour des comptes vient d’établir un bilan de cette action au long cours puisqu’elle s’est poursuivie jusqu’en 2023. Il en ressort un tableau en demi-teinte. La Cour note avec satisfaction la « forte mobilisation » de Pôle emploi et estime que la « marge de manœuvre d’adaptation aux réalités locales » était pertinente. Le premier point positif concerne le déploiement du plan, puisque la quasi-totalité des demandeurs d’emploi de longue ou très longue durée ont pu être contactés dans les délais impartis.

S’agissant des actions de mobilisation, elles ont augmenté par rapport à 2019, dernière année de référence comparable, du fait de la crise sanitaire. Mieux encore, une part croissante de chômeurs de longue durée a intégré les formations préparatoires à l’emploi, plus particulièrement les préparations opérationnelles à l’emploi individuelles (POEI). Pôle emploi avait en parallèle lancé un « challenge national », afin de susciter des propositions de la part des agences locales et ainsi engager des expérimentations. Le dernier point positif concerne les cadres au chômage. Le nombre d’accompagnements proposés par l’Apec a effectivement doublé, comme prévu par le plan.

Budget consommé à hauteur de… 33 %

Malgré tout, la Cour des comptes constate que plusieurs dispositifs n’ont pas été mobilisés comme attendu. Le point le plus frappant concerne le nombre des immersions en milieu professionnel : il a enregistré une baisse de 11 % par rapport à 2019. Le rapport concède toutefois que, pour les demandeurs d’emploi de longue durée, ces actions semblent avoir atténué un phénomène général de baisse. Contre toute attente, l’incitation financière à l’embauche de 8 000 euros n’a été que très peu utilisée. Quant aux actions de mobilisation, dont l’objectif était de 35 000, il n’a pas été atteint. Le rapport note que les crédits alloués à des actions comme « valoriser son image professionnelle » ou « prépa-compétences » n’ont pas été totalement investis… De manière générale, le budget alloué à l’ensemble de l’opération n’a été consommé qu’à hauteur de… 33 %. Autre fait qui reste à expliquer : les « packs de remobilisation » en faveur des demandeurs d’emploi de très longue durée, dont le nombre était évalué à plus de 300 000, ont buté sur des taux d’absence élevés de la part des personnes concernées.

In fine, ce plan a-t-il atteint ses objectifs ? Le rapport note que du fait de l’absence d’objectif de résultat fixé initialement au plan, toute évaluation sera difficile à mener et précise que, « dès leur conception, les plans conjoncturels, tels que celui en faveur des DELD, gagneraient à être assortis d’objectifs de performance en complément de l’éclairage sur les moyens utilisés ». Le dernier bilan reste malgré tout plus positif que celui du plan lancé en 2011. À l’époque, une partie seulement du public visé avait été reçue en entretien et un quart seulement des demandeurs d’emploi au chômage depuis de longs mois avaient obtenu une prestation d’accompagnement. Quant à la durée moyenne pour un retour à l’emploi, elle avait même augmenté. Il est vrai que la conjoncture économique était alors bien plus défavorable que celle d’aujourd’hui.

Qui sont les demandeurs d’emploi de longue durée ?

Sont considérés comme des demandeurs d’emploi de longue durée (DELD) les personnes étant restées au moins 12 mois en catégorie A durant les quinze derniers mois. En janvier 2021, les demandeurs d’emploi de longue durée représentaient 26,8 % des inscrits dans les catégories A, B et C, soit plus de 1,5 million de personnes. En décembre 2022, ce taux est descendu à 20,7 %. Si la majorité des DELD ont entre 25 et 55 ans, la part des moins de 25 ans a bondi (+ 42,5 %) du fait de la crise sanitaire et près des trois quarts (73 %) ont un niveau de formation inférieur ou égal au baccalauréat. La moitié des DELD ne perçoit plus aucune allocation chômage, qu’elle provienne de l’Unédic ou de l’État, du fait de sa durée d’inscription. Parmi les DELD, les seniors de 55 ans constituent un tiers du total, mais leur durée moyenne d’inscription à Pôle emploi est beaucoup plus élevée que la moyenne des autres inscrits, puisqu’elle atteignait, au quatrième trimestre 2021, 805 jours au lieu de 370.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins