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Canada : Le Québec renonce à reporter l’âge de perception d’une pension de retraite

À retenir | publié le : 24.04.2023 | Ludovic Hirtzmann

« 62 ans, cela ne passe pas », a titré le quotidien montréalais en ligne La Presse début février, à l’instar de nombreux autres médias québécois. Peut-être inspiré par les politiques françaises, le gouvernement québécois avait caressé l’idée de repousser l’âge auquel les seniors peuvent percevoir l’une des pensions publiques, selon le régime de rentes du Québec (RRQ). Les habitants de la Belle Province peuvent actuellement la toucher à partir de 60 ans. Le gouvernement avait ainsi laissé entendre qu’il pourrait reporter cet âge à 62 ans, voire à 65 ans. Attention, il ne s’agit pas de l’âge auquel les Québécois peuvent prendre leur retraite, mais de l’âge à partir duquel ils peuvent percevoir une pension. Au Canada, fixer un âge de départ à la retraite est inconstitutionnel. Dans la province du Québec, le gouvernement peut, tous les six ans, modifier l’âge auquel les habitants peuvent demander leur RRQ. Après quelques semaines de débats publics pourtant plutôt sereins, le gouvernement a finalement renoncé à changer les conditions actuelles… Un Québécois qui prend sa retraite à 60 ans subit une décote de 36 % par rapport à l’âge de 65 ans. Ce qui n’empêche pas qu’actuellement, un sur trois demande son RRQ à 60 ans. « La grogne est réelle. Jamais la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) ne pourra soutenir cette idée [d’accroître l’âge] », avait mis en garde Magali Picard, la présidente de la FTQ, dans La Presse. Les syndicats ont rappelé que certains travailleurs effectuant des travaux pénibles n’avaient pas d’autre choix que de percevoir leur retraite à 60 ans. « Quand on parle de l’augmentation de l’espérance de vie, il faut être conscient qu’il y a l’espérance de vie et l’espérance de vie en santé », a ajouté Éliane Racine, la vice-présidente de Force Jeunesse, organisme qui défend les droits et les intérêts de la jeunesse du Québec dans l’élaboration des politiques publiques. Conscient que les citoyens étaient opposés à une hausse de l’âge de perception du régime des RRQ, le gouvernement a donc renoncé… « Le Régime de rentes appartient à tous les Québécois et nous n’avons pas l’intention d’imposer des choix que les gens ne veulent pas », a d’ailleurs déclaré le ministre des Finances, Éric Girard.

La Belle Province compte plusieurs sources de pensions de retraite. Un premier montant public, fédéral, est versé à tous les Canadiens. Un deuxième – le supplément de revenu garanti –, fédéral lui aussi, est versé aux plus pauvres. À cela s’ajoute, au Québec, le RRQ, pour ceux qui ont travaillé. Si toutes ces retraites relèvent du régime public, les Canadiens peuvent, s’ils en ont les moyens, cotiser à des fonds de pension, qu’abondent également leurs employeurs. Le président du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, a salué la décision du ministre des Finances. Et Magali Picard a conclu : « L’écoute dont a fait preuve le ministre lors des consultations en commission parlementaire et sa décision de ne pas aller de l’avant avec son projet qui risquait de pénaliser les futures personnes retraitées doivent être applaudies. C’est la preuve qu’il y a moyen de s’entendre avec les gouvernements lorsqu’il y a de la bonne foi et de l’écoute… »

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann