L’application de la loi Chips et Science, votée par le Congrès américain, comporte un volet social inattendu : la garde d’enfants – dans le but d’attirer davantage de femmes dans l’industrie des semi-conducteurs. La mise en œuvre des aides de 39 milliards de dollars pour la construction d’usines de semi-conducteurs outre-Atlantique va en effet de pair avec la création d’un système de garde « de qualité et à prix raisonnable » pour les enfants des salariés. Gina Raimondo, la secrétaire au Commerce en charge du dossier, conditionne en effet l’obtention d’aides d’au moins 150 millions de dollars, sous forme de subventions, prêts à taux réduits et autres garanties à la prise en charge des frais de garde. Les industriels intéressés – Intel, Micron, Samsung, TSMC… – peuvent construire une garderie près de leur usine ou subventionner des établissements locaux. Ils peuvent aussi participer aux frais de garde de leurs troupes.

« Il n’y aura pas de chèque en blanc, a-t-elle prévenu. Nous allons demander aux entreprises de nous montrer leur comptabilité pour que nous les financions. » Le cahier des charges comprend, outre la garde d’enfants, la formation des futurs employés. La secrétaire au Commerce espère que les syndicats, en pointe sur la formation continue, et les universités locales seront partenaires des différents projets industriels. Selon les estimations, quelque 100 000 ouvriers du bâtiment seraient nécessaires pour construire les sites de fabrication de puces. Et 90 000 personnes y travailleront. Mais le taux de chômage, inférieur à 4 %, rend le recrutement difficile. Gina Raimondo se tourne donc vers les femmes, talents sous-exploités du secteur secondaire. Elles ne représentent que 29 % de la main-d’œuvre dans les usines. Avec des avantages à la clé. « La réalité est que l’on ne peut faire revenir les usines sur le sol américain s’il n’y a pas de travailleurs, explique Patty Murray, sénatrice démocrate de l’État de Washington, et ces travailleurs ont besoin de baby-sitters. »