logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

À retenir

Emploi : Pour recruter, l’industrie bat le tambour médiatique

À retenir | publié le : 17.04.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Cherchant désespérément à attirer les talents, l’industrie se lance pour la première fois dans une campagne de communication de grande ampleur. L’Opco 2i a investi 15 millions d’euros dans des outils médias et événementiels sur quatre ans.

La course au recrutement est lancée ! Les 32 branches de l’industrie française ont confié à l’Opco 2i, leur opérateur de compétences, une mission capitale : redorer leur blason avec une campagne de communication à grande échelle. La filière a mis la main à la poche et signé un chèque de 15 millions d’euros. Sur trois semaines à partir de la mi-février, un film vantant les mérites de la filière a été diffusé sur les chaînes de télévision classiques à des heures de grande écoute, ainsi que dans plus de 500 salles de cinéma et sur les réseaux sociaux (Instagram, LinkedIn, TikTok, Snapchat et Facebook). Une campagne d’affichage a aussi été programmée dans 65 villes. Cette salve n’est que la première : trois autres sont prévues sur les trois prochaines années. Et ce n’est pas tout. Dans le sillage de cette présence médiatique massive sont aussi prévues des actions en région (salons d’orientation, journées portes ouvertes, sessions de recrutement…) afin d’aboutir à une appropriation locale. « L’aspect territorial, à travers les événements locaux, est fondamental pour aller à la rencontre des publics », précise Jean-Pierre Fine, trésorier de l’Opco 2i. La campagne nationale à grande échelle va jouer un rôle d’entraînement et de mise en valeur, estime de son côté Stéphanie Lagalle-Baranès, sa directrice générale, qui invite les acteurs locaux à se saisir de cette opportunité. « Chaque spécificité industrielle parmi nos 32 branches va ainsi bénéficier du rayonnement de la campagne », dit-elle. Cette présence médiatique forte veut imprimer dans l’opinion une marque ombrelle (« Avec l’industrie ») et une signature (« On a un avenir à fabriquer »).

Salaires supérieurs de 15 %

Les acteurs du secteur soulignent en effet les besoins à satisfaire. Avec 63 000 entreprises, dont 88 % comptent plus de 50 collaborateurs, et 2,8 millions de salariés, soit une masse salariale de 122 milliards d’euros, la filière va devoir recruter massivement pour relever le défi de la ré-industrialisation, sans oublier deux autres enjeux, étroitement corrélés au premier : les transitions énergétique et écologique. « Il n’y a pas de pays fort sans industrie forte », enchaîne Jean-Pierre Fine, en soulignant qu’il en va aussi de la souveraineté du pays et de la réduction de son empreinte carbone, puisque la production locale réduit forcément les émissions de gaz à effet de serre liées au transport. Évoquant les difficultés de recrutement, il rappelle que 76 000 postes sont en moyenne non pourvus, alors même que l’industrie ne manque pas d’atouts pour attirer les talents. « Les salaires sont en moyenne supérieurs de 15 % à ceux des autres secteurs et nous offrons de belles perspectives de carrière. Il faut réduire l’écart entre la réalité et ce que les Français pensent de l’industrie », relève-t-il.

Si les objectifs sont clairs, seront-ils atteints ? Comment le savoir ? Si les acteurs mobilisés par l’Opco 2i ont prévu des outils de mesure utilisés habituellement dans les campagnes de communication (nombre de visionnages, connexions, rediffusion sur les réseaux, etc.), Jean-Pierre Fine estime qu’un critère doit l’emporter sur tous les autres : la progression du nombre de recrutements qui seront réalisés dans la filière. Sur le long terme, c’est bien une nouvelle vision de l’industrie et de ses métiers que l’Opco 2i compte installer dans l’esprit des Français par le biais de ces efforts médiatiques. Il ne cache pas qu’il compte aussi toucher les plus jeunes. « Nous voulons créer un mouvement durable, de nature à susciter davantage de vocations de jeunes – et de jeunes femmes, en particulier – en direction des classes scientifiques », dit-il. Le trésorier de l’Opco 2i déplore en effet que les filières scientifiques n’attirent pas assez les filles. Alors qu’elles constituent 50 % des effectifs de ces filières au lycée, elles ne représentent plus que 25 % des étudiants dans l’enseignement supérieur. Se voulant résolument optimiste sur les résultats de cette campagne inédite, il estime qu’il y a « tout lieu de penser que ce sera relativement efficace » . Pour s’en assurer, une évaluation sera réalisée « au fil de l’eau » pour mesurer l’évolution de la perception de l’industrie par les jeunes, les personnes en recherche d’emploi et les actifs en reconversion. De quoi ajuster les trois vagues de communication programmées jusqu’en 2025.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins