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Entretien : « Nous voulons banaliser les reconversions »

Tendances | publié le : 03.04.2023 | Lys Zohin

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Entretien : « Nous voulons banaliser les reconversions »

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Stéphane Maas, directeur de Transitions Pro Île-de-France, fait le bilan de la responsabilité confiée à partir de 2019 par les autorités à cet organisme pour le financement et la sécurisation des reconversions professionnelles des salariés du privé dans le plus grand bassin d’emploi de l’Hexagone.

Quel bilan tirez-vous des missions que vous a confiées l’État ?

L’État a confié aux associations Transitions Pro, présentes partout en France, la mission de contribuer au plein et au bon emploi. Les deux termes ont leur importance. Notre rôle est donc d’accompagner, en conseil et en formations financées, les salariés du privé en matière de mobilité et de transitions professionnelles. Cela vaut particulièrement pour les salariés de secteurs d’activité identifiés comme fragilisés et pour les salariés vulnérables, en raison de leur manque de diplômes (pour 41 % des bénéficiaires) ou de leur handicap, afin de les embarquer vers des secteurs à fortes perspectives d’emploi et vers des métiers qualifiés. C’est ainsi le cas pour quelque 79 % des projets que nous soutenons. Si, en Île-de-France, et ailleurs, les grands secteurs actuellement pourvoyeurs d’emplois sont majoritairement le sanitaire et le social, le transport et le tertiaire dans son ensemble, dont le numérique en particulier, nous avons aussi un rôle prospectif, qui fait que nous nous attelons à donner de la visibilité aux candidats à la reconversion sur des métiers émergents voire, autant que faire se peut, sur des métiers qui n’existent pas encore. Dans tous les cas, il s’agit d’accroître la prise de conscience que, dans un monde en mutation, la compétence est un élément essentiel de l’employabilité. En outre, nos actions concernent les salariés de tous âges – l’âge moyen actuel est de 38 ans pour une reconversion – et particulièrement les jeunes générations, qui doivent se préparer à changer de métier plusieurs fois au cours de leur vie professionnelle. Nous voulons développer le concept d’apprendre à apprendre tout au long de la vie (dans le cadre, notamment, du dispositif CléA, certifiant les compétences de base pour pouvoir ensuite aller plus loin) et banaliser les reconversions, de sorte qu’elles ne soient pas subies mais choisies.

Certains dispositifs ont pu avoir du mal à prendre, tels que la validation des acquis de l’expérience (VAE) ou les Transitions collectives (Transco)…

En effet, et certains, comme la VAE, ont été modernisés et simplifiés pour en faciliter l’accès. Cela dit, depuis la monétisation du compte personnel de formation, qu’un grand nombre de salariés a utilisé, une prise de conscience semble s’intensifier. En Île-de-France, les recours aux dispositifs que nous portons sont en progression constante, + 3 % entre 2021 et 2022, dont + 23 % pour les démissions-reconversions et 32 % pour CléA. Nous projetons, sur 2023, une progression générale de 15 %. Nous pouvons donc considérer le bilan de nos actions comme positif, et ce, dans plusieurs directions : du côté des peu diplômés et des publics fragilisés, mais aussi des plus de 45 ans (qui représentent 25 % des projets de transition professionnelle que nous avons financés l’an dernier), avec des seniors en situation d’usure professionnelle, et enfin du côté de la création d’entreprise, puisque dans le cadre des démissions-reconversions, 73 % des bénéficiaires de ce dispositif ont pour ambition de créer ou de reprendre une affaire. Tout cela va dans le bon sens pour l’emploi.

Quelle est votre contribution aux bons emplois dont vous parliez ?

Au-delà du quantitatif, nous avons effectivement vérifié si les salariés qui ont emprunté une passerelle via le projet de transition professionnelle vers de nouveaux emplois en étaient satisfaits. C’est le cas. Et c’est d’autant plus important que cela s’inscrit dans le contexte, issu de la pandémie et de la généralisation (pour une partie des salariés) du télétravail, qui fait que les actifs privilégient de plus en plus le sens, le bon équilibre vie personnelle-vie professionnelle, l’impact positif de leur travail sur la société. Ainsi, en Île-de-France, 74 % des bénéficiaires qui ont terminé leur formation et décroché un emploi ciblé déclarent trouver leurs nouvelles tâches plus intéressantes, tandis que 69 % indiquent que leurs conditions de travail sont meilleures, et enfin, 63 % des moins de 29 ans déclarent qu’ils ont connu une évolution favorable de leur rémunération.

Pourquoi prendre l’initiative d’un premier événement dévolu à la reconversion ?

Notre volonté est d’éclairer les choix des salariés avec divers acteurs et de leur donner un maximum de clés. Nombre de secteurs et d’entreprises sont déjà en évolution – je pense à tout ce qui touche à l’économie verte, depuis le bâtiment jusqu’à l’énergie décarbonée, mais aussi au numérique, avec l’avènement récent de ChatGPT.

Auteur

  • Lys Zohin