Parmi les informations publiées au Forum économique mondial de Davos 2023, le fait qu’un total de 350 millions de personnes dans le monde avait bénéficié d’un programme de reconversion, trois ans après le lancement de l’initiative Reskilling Revolution, soutenue par 20 gouvernements, 60 dirigeants de haut vol et un réseau de plus de 350 organismes de formation, est passé quasiment inaperçu. Le but de cette initiative est pourtant de préparer pas moins d’un milliard de terriens à l’économie et au monde du travail de demain, et ce, d’ici 2030. De fait, depuis plusieurs décennies déjà, le temps où un salarié effectuait l’ensemble de sa carrière dans la même entreprise, au Japon notamment, est bel et bien révolu. Place, en Europe en particulier, à la version américaine de la carrière : on change de métier, pour passer tour à tour de trader à acuponcteur en ayant fait un détour par la gestion d’un établissement scolaire, par exemple. Au moment où les compétences, en informatique principalement, mais dans d’autres secteurs d’activité également, deviennent obsolètes de plus en plus vite – de deux ans auparavant, on est désormais passé à quelques mois seulement ! –, où le grand pourvoyeur d’emplois qu’était le secteur automobile fait sa mue électrique, et où celui de la santé, face à une population vieillissante, exige toujours plus de personnel de soin, sans oublier l’émergence de nouveaux métiers issus de la transition écologique et de celle de l’intelligence artificielle, la révolution reconversion est en marche. En France comme ailleurs. C’est une nécessité. Et pour ne pas la subir, mieux vaut aller au-devant, l’embrasser, la choisir, parfois très tôt. Charge aux salariés, certes, de s’informer et de construire un plan d’action. Mais les DRH ont aussi une responsabilité : les employeurs ne sont-ils pas garants de l’employabilité des salariés ? C’est même l’essence de l’article L. 6321-1 du Code du travail, selon lequel l’employeur « veille au maintien de leur capacité à occuper un emploi, au regard notamment de l’évolution des emplois, des technologies et des organisations ». La révolution reconversion est donc aussi la leur.