Baisse du nombre d’élèves qui choisissent les maths, manque d’ingénieurs en France (44 000 diplômés par an tandis qu’il en faudrait 60 000), manque de personnel dans le nucléaire, alors qu’il y a 20 réacteurs nucléaires à remettre en route… C’est avec l’objectif de rendre attrayantes les filières scientifiques auprès des jeunes qu’a été créé « Ingénieur.e ? C’pour moi ! », un forum des métiers où collégiens et lycéens entrent en contact avec des professionnels qui parlent de leur quotidien au travail.
L’originalité de l’événement, organisé le 19 janvier dernier, repose sur sa formule, qui s’apparente à un jeu vidéo : le forum est virtuel. Tout se passe à distance. Accompagnés par leurs professeurs, les jeunes se connectent sur les ordinateurs de leur établissement. Lors de leur inscription au forum, ils créent un avatar, un personnage informatique sous forme 2D. C’est lui qu’ils guideront à travers les différentes salles de rencontres et les amphithéâtres à coups de clics de souris. « Ce modèle virtuel est puissant car il permet de cibler des jeunes qui ne reçoivent pas la visite d’un ingénieur ou d’un expert scientifique dans leur école. Ce forum à distance remet tout le monde sur un pied d’égalité », déclare Aline Aubertin, présidente de l’association Femmes Ingénieures, à l’origine de ce forum, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Tania Grès, qui vient de terminer son école d’ingénieur et travaille chez Thalès, est venue témoigner. « Mon ambition, dit-elle, est d’être le futur Thomas Pesquet et de devenir astronaute. » Elle est actuellement ingénieur système pour l’exploration spatiale. À travers son avatar, elle détaille son cursus scolaire et explique combien elle s’épanouit dans la voie qu’elle a choisie. Face à elle, les lycéens et collégiens posent des questions via le chat de l’application ou en prenant directement la parole en utilisant le micro de l’ordinateur. Comme Tania, ils sont 150 à avoir répondu à l’appel de cette deuxième édition. Tous les grands groupes sont là : Renault, Orange, la Fondation L’Oréal, Dassault Systems, Engie, EDF… Plusieurs écoles sont également connectées, dont Telecom Paris, Ensta Alumni, ESPCI Alumni, école d’ingénieurs NanoElec. Les thèmes abordés couvrent une grande variété de métiers et de secteurs tels que l’industrie, le numérique, la cybersécurité, et traitent, entre autres, des questions suivantes : « Ingénieur.e ? Faut-il être fort.e en maths ? » ou « Après le bac, pourquoi pas une classe préparatoire aux grandes écoles ? ».
Si garçons et filles sont indifféremment conviés à l’événement, Aline Aubertin espère que les témoignages susciteront des vocations chez les filles, particulièrement peu représentées dans les filières scientifiques. Seuls 2 500 jeunes ont bénéficié de ce dispositif cette année, la grève des enseignants du 19 janvier n’a pas permis à tous les élèves inscrits (plus de 4 000) de participer…
