Avec leurs collègues, 44 % des femmes lesbiennes ou bisexuelles affirment ne pas évoquer leurs activités extraprofessionnelles connotées LGBT+1, de peur de leurs réactions. Elles sont également 38 % à ne pas oser mettre le nom de leur compagne en tant que personne à contacter en cas d’urgence. Par crainte d’être discriminées, voire d’être empêchées dans leur évolution de carrière, ces femmes font le choix de l’invisibilité auprès des équipes ou de la hiérarchie. « Or une femme doit pouvoir parler de sa compagne au bureau, ou prendre un congé d’accueil de l’enfant lorsque sa compagne accouche », a déclaré Isabelle Lonvis-Rome, ministre déléguée, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, le 9 février dernier. C’est lors d’une table-ronde organisée par l’association L’Autre Cercle, référence pour l’inclusion des personnes LGBT+ au travail, qu’a été lancé un guide d’inclusion des femmes lesbiennes au travail. L’ouvrage s’inscrit dans le cadre du projet VOILAT (Visibilité ou invisibilité des femmes lesbiennes au travail).

« Nommer, c’est dévoiler. Et dévoiler, c’est agir », a argumenté Sylvie Meisel, administratrice nationale de L’Autre Cercle et coresponsable de VOILAT en reprenant les mots de Simone de Beauvoir. À travers des témoignages et des études menées sur le terrain, le guide met en lumière les freins majeurs qui entravent, aujourd’hui encore, l’inclusion des femmes lesbiennes dans le monde du travail : un sexisme très présent et la présomption d’hétérosexualité comme norme. Être femme et homosexuelle est en somme une double peine ! Le guide, pratique, propose une feuille de route et des outils simples pour repenser les politiques RH autour de dix points clés. Parmi ces points : prendre conscience du sexisme et engager les instances de direction dans la promotion d’un environnement inclusif.

Ainsi, chez Axa France, une formation sur le vivre-ensemble ancre les messages d’inclusivité. « Les 13 500 collaborateurs ont l’obligation de la suivre », a témoigné Amélie Watelet, la DRH. Rendre visible, c’est aussi donner l’exemple. Aliette Mousnier-Lompré est CEO d’Orange Business Services et Rôle Modèle LGBT+. Un Rôle Modèle LGBT+ est une personne LGBT+ dont le succès professionnel, le parcours de vie, les valeurs ou le rôle social sont considérés comme un modèle à suivre pour les personnes LGBT+ et qui contribue, par son engagement et sa visibilité, à une représentation positive des LGBT+. « Révéler mon homosexualité peut aider d’autres collaborateurs à se montrer tels qu’ils sont, à être eux-mêmes, à se sentir bien », déclare-t-elle. « Se sentir bien au travail, c’est être performant. Et c’est bon pour le business », conclut Olivier Girard, président d’Accenture France et Benelux, qui, sans être LGBT+, favorise, par son engagement, l’inclusion des personnes LGBT+ dans le monde du travail. Le guide est disponible gratuitement via www.autrecercle.org