logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Tendances

Recrutement : Le Canada cherche lui aussi des infirmières

Tendances | Travailleurs étrangers | publié le : 27.03.2023 | Ludovic Hirtzmann

Image

Recrutement : Le Canada cherche lui aussi des infirmières

Crédit photo

Il manque des milliers d’infirmières dans le système de santé canadien. Le gouvernement québécois multiplie les campagnes de recrutement à l’étranger, en France notamment, pour les attirer – avec un succès tout relatif.

« Le mirage du recrutement d’infirmières qualifiées à l’étranger », a titré récemment le quotidien montréalais Le Devoir. Dans la seule province du Québec, il manquerait environ 4 000 infirmières dans les établissements de santé. Auxquelles il faut ajouter un déficit de 1 700 aides-soignantes, que les Québécois appellent des infirmières auxiliaires. Dans un tel contexte de manque de personnel de soin, des centaines de milliers de Québécois n’ont pas accès à un médecin généraliste et l’attente pour une chirurgie peut durer des années ! Seule solution : aller se faire soigner aux États-Unis, en Europe ou à Cuba… Pour combler cette pénurie de professionnels de santé, le gouvernement québécois a multiplié depuis plusieurs années les campagnes d’embauche à l’international, notamment via une agence étatique spécialisée dans le recrutement d’infirmières en France, en Belgique, mais aussi dans les pays en développement, qui manquent eux-mêmes de personnels de santé… Le Bénin, le Cameroun, le Maroc, la Tunisie sont les principaux pays visés. Malgré une débauche de moyens et une excellente capacité à se vendre, le Québec ne parviendrait à attirer chaque année qu’entre 350 et 400 infirmières, selon l’agence Presse canadienne. Les infirmières étrangères ne représentent ainsi que 9 % des effectifs canadiens.

Diplômes et expériences mal reconnus

Les raisons sont multiples. La première d’entre elles est le délai, de plus en plus long, pour obtenir un visa de travail. Le Québec contrôle une partie de son immigration et ses fonctionnaires délivrent des visas dont la valeur n’est que toute relative, puisque c’est le ministère de l’Immigration du Canada, l’instance fédérale, donc, qui a le dernier mot et doit lui aussi délivrer un visa. Les délais d’obtention de tous ces documents n’ont cessé de rallonger depuis dix ans. Les médias canadiens ont ainsi révélé récemment que des dossiers de candidats à l’immigration ont été envoyés à des fonctionnaires fédéraux qui ont pris leur retraite depuis de longues années ou sont décédés ! L’autre raison de l’échec de ces campagnes de recrutement est que les diplômes étrangers sont mal reconnus par la province. En outre, malgré des accords en ce sens avec la France, l’expérience française n’est, quant à elle, jamais reconnue. Nombre d’infirmières françaises se sont fait « piéger » il y a une décennie, mais aujourd’hui, elles savent tout des difficultés d’exercice de leur métier dans un Québec régi par une quarantaine d’ordres professionnels qui protègent jalousement leurs membres québécois.

En outre, les infirmières étrangères ne sont pas toujours bien acceptées par leurs consœurs canadiennes. Et en plus de différences culturelles fortes, même pour des Françaises, les nouvelles venues font face, l’hiver, à des conditions climatiques difficiles et, dans les petites villes, à une forme d’ostracisme voire de racisme. Les conditions salariales sont pourtant excellentes, régulièrement réévaluées à la hausse, grâce à des syndicats puissants. Pour une formation qui ne nécessite que des études courtes, une infirmière québécoise gagne l’équivalent de 5 000 à 7 000 euros par mois, voire plus en fin de carrière. Et le coût de la vie est peu ou prou égal à celui de la France.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann