Comme un feu mal éteint, la colère sur la réforme des retraites, passée finalement en force, continue de couver au sein d’une grande partie de la population. Mal conçue, mal ficelée, mal expliquée, la loi, mais surtout, l’art et la manière de s’y prendre pour la discuter et la faire adopter, a en effet tout pour susciter une bronca populaire. Est-ce pour ne pas s’attirer de nouvelles incompréhensions et de nouvelles foudres, notamment de la part de certaines franges politiques, que l’exécutif a annoncé dans la foulée de l’adoption le report, sine die, de l’examen, prévu à la fin du mois, d’un texte sur l’immigration ? « Courage » vanté sur la réforme des retraites, visant à équilibrer les comptes de la nation, mais couardise discrète sur un dossier qui aurait permis de stimuler l’économie, avec l’arrivée d’une nouvelle main-d’œuvre étrangère – que réclament, à bas bruit il est vrai, nombre d’employeurs, condamnés à refuser des commandes ou à limiter leurs activités faute de bras et de cerveaux ? La logique échappe. Il est vrai que là aussi, en voulant ménager la chèvre et le chou, en mettant pêle-mêle dans le même texte régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension, carte de séjour talent pour les médecins étrangers, éloignement facilité en cas de menace grave à l’ordre public et réforme de la Cour nationale du droit d’asile, le gouvernement aurait sans doute eu du mal à expliquer… Toujours la question de l’art et de la manière. D’autres pays, dont l’Allemagne, à laquelle la France aime à se comparer, n’ont pas connu ces atermoiements. Le pays assume désormais son statut de destination de choix pour une immigration de travail, que divers dispositifs visent à faciliter. En faisant l’économie d’un débat sur l’immigration, la France se prive donc d’un nouveau potentiel économique…