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Emploi : Les seniors, plébiscités mais mal aimés

À retenir | publié le : 20.03.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Considérés comme un « atout » par 89 % des Français, les seniors peinent à retrouver un emploi. Une étude de l’Apec et Pôle emploi dévoile les causes du phénomène.

Les seniors plébiscités ? Contre toute attente, oui puisque 89 % des Français estiment qu’ils sont un « atout ». L’âge est-il un handicap ? Pas pour 73 % des salariés qui les considèrent comme aussi actifs et efficaces que leurs homologues moins… âgés. Le même sondage1 révèle que 85 % des salariés apprécient le travail avec des salariés seniors. Mais alors, comment expliquer que le taux d’activité des 55-64 ans stagne à 56 % ?

Le portrait inédit que l’Apec et Pôle emploi ont dressé des demandeurs d’emploi cadres peut apporter quelques réponses. En dépit d’un très fort taux d’activité de cette catégorie, les seniors sont très pénalisés. Pour les cadres âgés de plus de 55 ans, retrouver un emploi relève le plus souvent du parcours du combattant, harassant et décourageant. « Mieux appréhender ces réalités pour mieux accompagner les populations les plus exposées est l’un des enjeux de notre partenariat avec Pôle emploi et un pilier de notre raison d’être », précise Gilles Gateau, directeur général de l’Apec.

Des groupes fragilisés

L’étude s’avère instructive à plus d’un titre. Elle révèle d’abord que les caractéristiques des 485 000 demandeurs d’emploi cadres à la recherche d’un emploi (chiffre de juin 2022) sont différentes de celles de leurs homologues en emploi. Cette population de demandeurs compte davantage de femmes que celle en emploi (45 % contre 37 %), mais aussi plus de jeunes de moins de 35 ans (32 % contre 27 %). Leur niveau de diplôme est moindre que celui de leurs homologues en activité : un cinquième (20 %) a un niveau de formation inférieur à bac + 2 contre 14 % pour ceux qui travaillent. La répartition géographique est également différente : alors que 40 % des cadres à la recherche d’un poste se trouvent en Île-de-France, cette région ne représente que 35 % des cadres en emploi. L’étude relève aussi qu’ils ont une probabilité supérieure de résider dans un quartier prioritaire de la politique de la ville.

Les données fournies par l’Apec et Pôle emploi permettent également de cerner les groupes de cadres les plus fragilisés sur le marché de l’emploi. Trois se détachent plus particulièrement. Le premier rassemble les seniors âgées de plus de 55 ans, soit 102 000 personnes, dont 34 % sont des femmes et 36 % des demandeurs d’emploi de longue durée (plus de 12 mois sans emploi). Ces derniers constituent le second groupe. Au nombre de 95 000, ils recherchent avant tout des postes de commerciaux, de cadres administratifs-comptables-financier ou d’informaticiens. Le taux de chômage de ce groupe est très supérieur à celui de la moyenne de la population des cadres (4,1 %) puisqu’il atteint 6,8 %, soit une différence de 65 %. Le troisième et dernier groupe est constitué par les demandeurs d’emploi résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) : ils sont 30 500 cadres dans cette situation, dont 41 % de femmes et 19 % en recherche d’emploi depuis plus d’un an. Cette catégorie est surreprésentée en Île-de-France, puisque 6 % des demandeurs d’emploi cadres y résident (et 9 % parmi ceux de moins de 35 ans), alors que les cadres issus des QPV ne représentent que 2 % des cadres en emploi.

Comment agir ?

L’Apec et Pôle emploi déploient deux dispositifs complémentaires. L’agence pour les cadres a ainsi lancé « Nouveaux horizons ». D’une durée moyenne de sept mois, ce programme accueille les cadres qui recherchent un emploi depuis plus d’un an. Il propose un suivi personnalisé avec des ateliers collectifs pour une remise en confiance. L’objectif ? Donner aux cadres les outils et l’énergie pour construire un nouveau projet professionnel et les préparer à leurs futurs entretiens d’embauche. Selon l’Apec, les sessions du dispositif financé par le Fonds social européen (FSE) ont largement progressé en 2022. De son côté, Pôle emploi indique proposer à cette population un suivi personnalisé avec un conseiller référent « formé aux spécificités du marché de l’emploi des cadres ». Les cadres demandeurs d’emploi peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour un conseil en évolution professionnelle afin d’élaborer des projets de formation, de reconversion et/ou de création d’entreprise, voire de mobilité internationale. Cette population se voit de même proposer des e-ateliers sur le marché du travail, la négociation du salaire, le développement d’un réseau, le « pitch » de candidature. Les cadres à la recherche d’un poste peuvent aussi accéder à Sphère emploi, une plateforme sociale collaborative pour développer de nouveaux contacts.

(1) Étude réalisée par OpinionWay pour SD Worx, menée du 15 au 20 février 2023, auprès d’un échantillon de 2 092 personnes représentatif de la population française.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins