L’entreprise, lieu de socialisation ? Et si c’était aussi le lieu des confrontations ? S’il s’agit d’idées à défendre, avec conviction mais en toute sérénité, pourquoi pas. Après tout, ne répète-t-on pas à l’envi que la diversité de vues est une richesse et qu’elle porte en elle les germes de l’ouverture d’esprit, de l’innovation, de la performance dans les organisations ? Reste que si, dans la dernière édition (2022) de son baromètre annuel, le Medef a éprouvé le besoin d’inclure de nouvelles questions sur des « comportements jugés extrêmes » auxquels salariés, managers et RH auraient été confrontés dans les entreprises, ce n’est pas par hasard. Les signes de radicalisation, qui peuvent concerner aussi bien la science et la médecine – on se souvient des antivax pendant la pandémie –, la propagation d’idées complotistes ou de fake news, le soutien absolu à un parti politique ou à une cause comme les droits des animaux, ou se traduire par des discours enflammés portant notamment sur le traitement ressenti d’une partie de la population – que ce soit les hommes, les femmes, une minorité ou une autre –, ont de quoi perturber le collectif de travail. Alors que plus d’un tiers des salariés déclarent avoir déjà été confrontés à ce genre de situation dans le baromètre, les DRH sont peu loquaces sur le sujet. Certes, il reflète ce qui se passe dans la société depuis l’avènement des réseaux sociaux. Et sans doute les experts RH ont-ils du mal à savoir comment réagir. Il leur faut pourtant le faire, en convoquant la science, l’histoire et des sources d’information fiables pour redonner de la sérénité aux équipes et faire en sorte qu’une nouvelle socialisation prenne forme. Ils rendront ainsi non seulement service à l’entreprise, mais à la société tout entière…