N’importe quel DRH ou office manager a été confronté à cette situation : on déménage, on change les ordinateurs ou les bureaux, on entasse ce mobilier et ce matériel dans un local, et quelques mois plus tard… on jette tout, faute de savoir qu’en faire. Un gâchis auquel a voulu remédier Sophie Scantamburlo-Contreras. En juin 2021, elle a lancé, avec Frédéric Salles, un ami de toujours partageant son souci d’avoir un impact positif sur la société et la planète, une plateforme qui donne une nouvelle vie aux équipements professionnels – mobilier de bureau, lampes, machines à café, ordinateurs… – en mettant les acteurs économiques (entreprises, collectivités et associations…) en relation. « J’ai fait des études de gestion financière, centrées évidemment sur la rentabilité, dit-elle, mais après plusieurs années passées à travailler à Londres, je suis revenue en France, pour prendre un poste dans une entreprise du photovoltaïque. » La lutte contre le dérèglement climatique et la préservation de l’environnement commencent à prendre une place centrale dans sa vie. L’idée de continuer à consommer sans réfléchir la questionne de plus en plus. Le point d’orgue arrive avec un nouveau poste, au sein d’une société de l’évènementiel. Le gaspillage, en particulier en matière de nourriture, lui est insupportable. « J’essayais de sensibiliser les traiteurs pour qu’ils évitent ce gâchis et recyclent leurs déchets », se souvient-elle.

Mais c’est la pandémie de Covid qui a fait le reste – et Walt Disney… « Avec mon fil, de 8 ans à l’époque, je regardais Wall-E, un dessin animé qui met en scène les aventures d’un petit robot chargé de nettoyer la terre des déchets laissés par les humains », enchaîne-t-elle. Est-ce cela dont nos enfants hériteront ? Faut-il se contenter d’espérer que la technologie résolve à l’avenir tous nos problèmes ou agir dès maintenant ? Autant de questions qui la taraudent et qui trouvent, après un échange avec Frédéric Salles – « lui aussi parent et bien sûr, tout aussi sensible que moi, une femme, à ces enjeux », sourit-elle – une réponse, sous la forme de la plateforme lancée sous le nom de Scop3, pour bien marquer à la fois l’aspect coopératif et participatif, comme dans une Scop, et la référence à la définition des émissions de gaz à effet de serre les plus larges, dans le bilan carbone des entreprises. Dès sa création, Scop3 adopte la qualité de société à mission. « Nous voulions cibler le monde de l’entreprise autour de nous et offrir une solution aux professionnels pour recycler du matériel de bureau. Cette solution n’existait pas. Nous l’avons donc construite », déclare tout simplement Sophie Scantamburlo-Contreras. Grâce à de petites annonces géolocalisées, afin d’avoir l’empreinte carbone la plus faible possible lors des déplacements, les entreprises qui veulent se débarrasser de matériel sont ainsi mises en contact avec d’autres qui cherchent des équipements à moindre coût ou gratuits, lorsqu’il s’agit d’associations à but non lucratif. Scop3 permet aux deuxièmes de faire des économies et de réutiliser du matériel, et aux premières de réduire leur empreinte carbone grâce à ce réemploi. Dans le cas d’un don à une association, elles bénéficient également d’un reçu offrant un avantage fiscal. « Après un an d’existence, nous avons calculé que nous avions sauvé 12 000 équipements de bureau de la benne à ordures ou de la déchetterie et que le rejet dans l’atmosphère de plus de 500 tonnes d’équivalent CO₂ avait été évité », s’enorgueillit-elle.

La plateforme commence ses opérations dans la région de Montpellier, d’où la jeune cheffe d’entreprise est originaire. Mais elle essaime vite. Aujourd’hui, elle est présente aussi bien à Bordeaux qu’à Marseille et Lyon et les cofondateurs ont été démarchés pour s’implanter en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France, ainsi qu’à Nantes. « Nous allons bientôt rayonner sur tout l’Hexagone et au-delà, puisque certains de nos clients nous demandent de les accompagner à l’international », indique encore Sophie Scantamburlo-Contreras. Enfin, la plateforme va agrandir sa gamme de produits, pour inclure prochainement les équipements de restauration et d’hôtellerie, les grands établissements devant changer leur literie, par exemple, tous les dix ans. « La demande, de la part des entreprises, est bien là et la sensibilisation à l’environnement et à la RSE aussi », se félicite la cofondatrice de Scop3.