La révélation lui est venue lorsqu’elle était encore chez le spécialiste de covoiturage BlaBlaCar, dont elle a été la première collaboratrice et responsable de la communication RH et externe. Laure Wagner s’en souvient fort bien. « Je me suis dit que le problème de fond, ce n’était pas tellement le fait d’être seul en voiture, mais que les humains travaillaient trop loin de leur domicile », dit-elle. En clair, qu’ils pouvaient être plus heureux en travaillant plus près de chez eux. L’idée ne la quittait plus, au point qu’elle a lancé son projet pendant qu’elle était encore dans le giron de la licorne, pour finalement fonder, en 2020, une start-up baptisée 1km à pied.

Le concept ? Partant du constat que « les trois quarts des actifs, en France, sont des employés de terrain qui ne font pas de télétravail », cette diplômée en communication et en management, qui avait entamé sa carrière au sein du ministère de l’Écologie en tant que cheffe de projet de la Semaine européenne de la mobilité, a planché sur le développement d’une plateforme sécurisée qui analyse les données des trajets domicile-travail à partir d’un fichier RH pour proposer différentes solutions. En identifiant, d’une part, les salariés automobilistes qui pourraient se déplacer par un autre moyen de transport. Et de l’autre, pour les grands employeurs multisites, en calculant les trajets de leurs collaborateurs et en explorant, à poste égal, sur différents sites, les réaffectations potentielles, en vue d’établir celle qui serait la plus adéquate pour les rapprocher de leur domicile. Les opportunités, dans ce domaine, sont nombreuses : la start-up a constaté que 65 % des salariés, au sein de ses quelque 70 clients, avaient un site près de chez eux où ils pourraient être réaffectés… Avec un gain, en médiane, de 10,2 km à l’aller, soit 20,4 km par jour. Ce qui représente également environ une tonne de CO₂ économisée par an, d’après Laure Wagner. En outre, le trajet moyen des salariés étant de 13 km, s’il se réduit de 10 km, « cela les fait passer ainsi à un trajet cyclable », relève la jeune patronne, radieuse. À la clé, pour ces salariés de terrain, une meilleure qualité de vie et en conséquence, pour les entreprises, un absentéisme en baisse et un turn-over moindre, en plus d’un meilleur bilan carbone. Les RH, mais aussi les directions RSE ou de la QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement) des grands groupes qui disposent de sites multiples, tels Lidl ou Sodexo, sont les premières séduites.

Reste que la start-up se heurte à quelques écueils et doit relever certains défis. « Les entreprises ne savent pas qu’elles ont ce problème. Difficile de résoudre ce qui est souvent méconnu, déplore Laure Wagner. Nous sommes donc obligés de faire de la pédagogie. Il faut que nous fassions connaître le problème en même temps que la solution. »

Cela tombe bien, la sensibilisation, c’est son occupation préférée, depuis ses études de communication. En plus, elle a, chevillé au corps, un engagement résolu en faveur de la transition écologique. Elle participe d’ailleurs en tant qu’animatrice à la Fresque de la Mobilité, un jeu de cartes permettant de comprendre les ordres de grandeur de l’impact de la mobilité sur le climat – une initiative lancée par Les Shifters, une association de bénévoles qui œuvre en appui du think tank The Shift Project.

Autre engagement, en tant qu’ambassadrice au sein du mouvement Impact France : Laure Wagner intervient ainsi auprès d’autres entreprises pour expliquer comment avoir de l’impact et accélérer la transition. Son ambition ? Que 1km à pied devienne le logiciel RH leader pour la mobilité au travail. Pour ce faire, la jeune dirigeante s’est entourée d’une équipe comptant d’ores et déjà 17 collaborateurs, qui, pour 65 % d’entre eux, sont des collaboratrices, dont une développeuse tech… Autant d’atouts pour permettre un jour à 1km à pied de franchir les frontières, en se déployant en particulier dans les pays européens.