Dirigeante de la plateforme de compostage Alcyon, Cindy Coq a lancé un projet baptisé Méthalcyon. Mission : créer, dans le Vaucluse, une unité de production de biogaz à partir de déchets organiques issus des collectivités et des entreprises. Une manière aussi de remplacer l’engrais chimique par un fertilisant naturel. Entretien.
En 2005, j’ai intégré l’entreprise fondée par mon père qui, au fil de son évolution, avait adhéré à l’association Agriculteurs composteurs de France. Parmi eux, il y avait aussi des méthaniseurs. J’ai trouvé que c’était une belle aventure qui s’inscrivait dans la continuité du compostage. En revanche, dans le Sud, il y en a peu car la méthanisation se fait plutôt dans les régions d’élevage. Lorsqu’il y a eu une évolution réglementaire, imposant aux collectivités de traiter les déchets organiques, je me suis dit : « Cela a du sens de réfléchir à un projet de méthanisation pour valoriser leur retour en sol ».
Le principe est de réceptionner des déchets organiques d’origine agricole, industrielle ou des collectivités, pour les placer en condition d’anaérobie, c’est-à-dire sans oxygène, dans un cylindre en béton à l’intérieur duquel on les laisse se faire dégrader par des bactéries. Au terme de 42 jours, on extrait le gaz et on obtient un résidu appelé le digestat. Le gaz, lui, est épuré, tandis que le digestat vient remplacer l’engrais chimique. Le gaz peut être injecté dans le réseau, où il va servir à chauffer les bâtiments, ou alimenter des réseaux de stations de bioGNV. D’autant que je souhaite utiliser du biogaz pour mes camions de transport de déchets, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, le tout grâce à des partenariats avec les collectivités en vue de développer des stations de biogaz. C’est une manière d’impulser un changement de pratiques sur le territoire. En résumé, la méthanisation apporte une solution de traitement des déchets pour les collectivités et les entreprises, tandis qu’elle permet aux agriculteurs de remplacer l’engrais de synthèse.
Il y a eu une éducation à faire, puisque la plupart des administrés du territoire ne savaient pas ce qu’est la méthanisation. Dès le début, nous étions transparents sur la démarche du projet. Nous avons organisé des visites de site, fait venir les élus, les riverains et les associations, et répondu à des questions et quelques craintes, par exemple que cela n’explose, alors qu’en fait, si le gaz est bien présent dans le méthaniseur, il n’est pas compressé… Nous avons également fait un site Internet et réalisé quatre permanences à la mairie. Le projet est encore en gestation. Nous attendons la réponse à la suite de l’étude des sols avant de déposer les documents en avril. Notre horizon ? Une première injection pour 2025.