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Spécial agriculture

Social : Terreau d’insertion

Spécial agriculture | publié le : 25.02.2023 | Lucie Tanneau

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Social : Terreau d’insertion

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À Boussais, dans les Deux-Sèvres, la ferme de la Riberderie permet à huit adultes de reprendre le chemin du travail. Grâce à l’association Rebonds, ils découvrent de nouvelles activités et développent des compétences pour amorcer leur retour dans la vie active.

Au milieu des chevaux de trait Grisou et Faisou, des chèvres, des moutons d’Ouessant et d’une centaine de poules, Stéphane, Teddy, Isabelle et leurs collègues ont retrouvé un travail. Depuis septembre, l’association Rebonds (Deux-Sèvres) a créé un chantier d’insertion pour ces adultes, privés d’emploi depuis des années. Les huit salariés embauchés, tous en contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI), passent, au milieu des champs, 26 heures par semaine. Ils alternent entre maraîchage biologique, dans les grandes serres de l’association et sur 20 hectares de terrain, vente des légumes produits, transformation culinaire (confitures, coulis…), dans la cuisine professionnelle de la ferme, ramassage des œufs vendus sur les marchés aux alentours et entretien du poulailler. « Le but n’est pas qu’ils deviennent maraîchers ou cuisiniers, mais de les réhabituer à se lever le matin, à appliquer les consignes, à respecter le collectif : ils sont courageux de venir travailler en extérieur, en ce moment, dans le froid », souligne Magali Le Monsonnec, la cheffe de projet du chantier d’insertion.

Diversité des activités

La France compte environ 4 000 structures d’insertion par l’activité économique (SIAE), sous forme d’ateliers ou de chantiers d’insertion, selon les chiffres du ministère du Travail. L’agriculture et sa diversité d’activités sont un bon terrain. « Les journées ne sont pas monotones et les salariés développent des compétences variées », explique Pierre Gayraud, l’encadrant technique en charge de la partie maraîchage. « C’est un support très intéressant en matière de pédagogie », confirme Magali Le Monsonnec.

Encadrante technique responsable de la partie cuisine, Nelly Decourt apprécie aussi cet « outil ». « Cela permet aux adultes embauchés de voir vers quelles activités ils peuvent tendre : certains découvrent qu’ils aiment travailler en extérieur et qu’ils ont la compétence physique nécessaire, d’autres apprécient le contact avec les clients sur le marché… », détaille-t-elle. À 53 ans, Isabelle Durand a signé son premier CCDI en septembre et vient de rempiler pour quatre mois supplémentaires. Bien couverte dans son treillis militaire, elle aime ce qu’elle fait. « Cela faisait six ans que je ne travaillais plus, mais mon mari a des problèmes de santé, j’ai besoin de retrouver un emploi », raconte-t-elle. Son conseiller Pôle emploi, à l’agence de Thouars, l’a orienté vers la Riberderie. « J’ai travaillé en restauration scolaire dans le passé, mais il n’y a pas de place dans ce secteur. Le maraîchage est une découverte qui me plaît », assure-t-elle. Si son projet de déménagement risque d’écourter son contrat, elle confie que la structure lui manquera. « On est une très bonne équipe, vraiment dans l’entraide », explique-t-elle. Chaque matin, pour venir, elle covoiture avec Teddy, l’un de ses collègues qui a le permis. Zaïdou Sitti est aussi du voyage. Cette mère de quatre enfants n’avait jamais eu un emploi salarié auparavant. À 40 ans, elle découvre le rythme et les contraintes. Physiquement, le travail dans le froid lui est difficile, mais elle apprécie les activités en cuisine. « Pourquoi pas pour la suite », dit-elle.

Avec Éric Frechet, encadrant technique responsable des animaux, les salariés en insertion, payés au Smic horaire, découvrent aussi la traction animale. « Cela évite d’utiliser des machines et l’animal est un bon maître d’apprentissage, dit-il, gilet jaune sur le dos. Travailler avec un animal permet de prendre conscience de son comportement en miroir : si l’on est énervé, l’animal le sent. » « La bête calme le bonhomme ! », résume Pierre Gayraud dans un sourire.

C’est la première fois que l’association Rebonds s’ouvre à ce public adulte. Jusqu’à présent, la ferme de la Riberderie accueillait, depuis 2015, des adolescents en rupture, confiés à l’Aide sociale à l’enfance, afin de les accompagner vers la vie active. Ce chantier d’insertion permet d’utiliser le potentiel de la ferme et d’étendre son activité. « Les salariés développent ici une polyvalence, chacun peut trouver une activité qui lui plaît et acquérir des compétences multiples », conclut Magali Le Monsonnec. Les salariés bénéficient aussi d’un accompagnement socioprofessionnel individualisé. D’ici 2024, 17 adultes devraient être accueillis à la Riberderie.

Auteur

  • Lucie Tanneau