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Spécial agriculture

Rétention : Améliorer les conditions de travail pour garder les salariés

Spécial agriculture | publié le : 25.02.2023 | Natasha Laporte

Soigner l’intégration, professionnaliser le management… Touché par le turnover, le secteur de la production agricole explore des pistes d’actions.

Pourquoi le secteur agricole y échapperait-il ? Comme ailleurs, les difficultés pour recruter des compétences s’y accroissent, celles pour garder ensuite les salariés et les stabiliser dans un projet professionnel aussi… « Il y a une certaine volatilité de la main-d’œuvre, qu’il s’agisse de coopératives, de groupements d’employeurs ou d’exploitants, témoigne ainsi Véronique Fouray, DRH des groupements d’employeurs Sdaec-Terralliance. L’enjeu de la fidélisation trouve sa source dans le recrutement. » Toute la question est de savoir « comment trouver la personne adéquate en termes de compétences et comment s’assurer que son projet est à moyen terme et non à court terme », estime-t-elle.

Une interrogation qui amène la DRH de ces deux groupements d’employeurs bretons – Sdaec étant dévolu au remplacement des exploitants et Terraliance, au temps partagé – à soigner l’étape de l’intégration, humaine et métiers. « L’idée est de suivre le salarié dans les premiers mois pour s’assurer qu’il trouve ses repères et que le poste correspond bien à ce que nous avons défini », poursuit Véronique Fouray. De même, l’organisation cherche ensuite à impliquer ses salariés dans la vie de l’entreprise, via leur participation, par exemple, à des événements comme la promotion des métiers agricoles. Sans oublier les réunions annuelles et autres moments de convivialité, qui permettent de créer du lien et de rapprocher les salariés de la direction. Enfin, stratégie supplémentaire, le tutorat et la formation interne. « Nous avons mis en place une démarche de cartographie des compétences pour identifier les experts dans différents domaines afin qu’ils puissent former leurs pairs sur des techniques de production », indique la directrice RH de ce groupement qui réunit quelque 3 700 exploitants adhérents et plus de 400 salariés, à travers trois départements : Finistère, Ille-et-Vilaine et Côtes-d’Armor. Par ailleurs, Sdaec-Terralliance, qui intervient de l’élevage au végétal, sur tout type de production, planche sur un futur intranet qui ambitionne de mettre en réseau ses collaborateurs et les adhérents.

Les robots ne font pas tout

Une autre problématique doit aussi être prise en compte. C’est « le renouvellement des actifs », rappelle de son côté Emmanuel Béguin, chef du service Approche sociale et travail en élevage à l’Institut de l’élevage (Idele). C’est particulièrement le cas pour le secteur de l’élevage, où la part du salariat, par opposition à l’indépendance, progresse. Or, l’apport de salariés est, justement, « l’un des leviers clés pour maintenir la production » dit-il. Les freins, hélas, sont multiples – à commencer par l’attractivité des métiers. Si le niveau de rémunération joue, le secteur pâtit aussi « d’une mauvaise image des métiers, alors qu’ils sont intéressants et variés, en contact avec la nature et les animaux. De plus, il y a eu une modernisation forte des exploitations, réduisant la pénibilité », analyse ce spécialiste. En outre, regrette-t-il, « les exploitants ne savent pas toujours comment recruter et travaillent de bouche-à-oreille. Il y a un besoin de professionnalisation, tant sur la phase de recrutement – bien définir les postes, par exemple – que dans l’accueil et l’accompagnement des personnes recrutées. »

Mais l’enjeu majeur est de « proposer des bonnes conditions de travail aux salariés, enchaîne-t-il. Cela veut dire qu’il faut organiser le travail d’une autre façon – et pas uniquement en robotisant… » L’ergonomie, l’organisation du travail, l’ambiance – bref, la qualité de vie au travail, prennent de plus en plus d’importance. Ce qui implique aussi, en particulier dans ce milieu au fonctionnement historiquement familial, la nécessité de « monter en compétences en management », souligne Emmanuel Béguin. Associer les salariés aux décisions, prendre en compte leurs contraintes… sont autant de leviers de fidélisation, d’autant plus clés que le turnover est élevé. Ainsi, « dans l’élevage laitier, peu de salariés restent plus de dix ans », indique-t-il, le salariat étant souvent une passerelle pour s’installer ensuite en tant qu’exploitant.

Cowforme

De quoi motiver l’Institut de l’élevage à lancer plusieurs initiatives, dont Cowforme, un projet franco-belge visant à améliorer la qualité de vie dans les élevages laitiers, mettant à disposition des fiches d’information et des témoignages. En outre, « Déclic travail » ou « Devenir éleveur », des outils en ligne, sont à disposition des éleveurs et donnent des conseils pour leur permettre de mieux relever le défi du management.

Auteur

  • Natasha Laporte