Leur force de frappe est-elle démesurée ? Il est vrai que les agriculteurs, grâce à leurs tracteurs ou à leurs déchets – purin ou autre – savent, mieux que d’autres, mener des opérations escargots et embaumer la cour des préfectures. Se faire entendre, en somme. Et il est vrai aussi qu’ils occupent une place particulière dans le cœur des Français, dont certains se souviennent des origines campagnardes de leur famille. Sans oublier l’agenda politique. La visite du Salon de l’agriculture, événement qui a servi d’accroche à ce numéro spécial d’Entreprise et Carrières, s’impose ainsi au président de la République comme une déambulation obligatoire. Cette année, comme les précédentes depuis quelque temps, il verra que les paysans du pays sont à la peine. Victimes de sécheresses à répétition, de récoltes décevantes, de maladie comme la grippe aviaire, de revenus en chute libre… Victimes, en somme, des mille et un effets du dérèglement climatique qu’ils ont, en partie, causé, même s’ils n’ont fait qu’appliquer – trop longtemps, certes – le modèle productiviste de l’après-guerre… Il reste aux « farmers » du monde entier à réussir un tour de force : continuer de nourrir le monde, mais en plus, protéger la planète. Les sols peuvent stocker du carbone. Certains déchets agricoles sont parfaits pour produire des énergies alternatives, comme le bio-méthane. Les méthodes pour protéger l’environnement et maintenir la performance en termes de production existent. Les producteurs agricoles français doivent désormais susciter des vocations et séduire des talents en tous genres pour innover et réussir la transition. Faire la révolution (verte) : un beau slogan pour attirer les jeunes !