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Les clés

L’anxiété sociale ou « l’art » de saborder sa carrière

Les clés | À lire | publié le : 20.02.2023 | Irène Lopez

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L’anxiété sociale ou « l’art » de saborder sa carrière

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Dans une version radicalement nouvelle de leur essai sur la peur des autres, qui est devenu un classique, Christophe André, Patrick Légeron et Antoine Pelissolo mettent en lumière la souffrance des salariés qui craignent d’affronter le regard et le jugement des autres.

« Son tour approchait et il sentait les battements de son cœur s’accélérer. Ses mains étaient moites et laissaient des auréoles de sueur sur le vernis de la table de réunion. “C’est à vous, Dubois”, lui lança le directeur général. Il se leva, les genoux dans du coton. Ça allait être la catastrophe… » Tout le monde ou presque a connu ce genre de situation. De toutes nos peurs, celle que nous avons de nos semblables est sans aucun doute la plus répandue. Cette peur des autres, les médecins et psychologues l’appellent « anxiété sociale ». Trac, timidité, voire formes plus graves et particulièrement douloureuses, proches de la pathologie, les occasions de se trouver en difficulté dans la vie professionnelle sont nombreuses. « L’équation de base est la suivante : on redoute une situation sociale (ou plusieurs) ; la confrontation avec cette situation entraîne un sentiment de gêne et d’inconfort, qui peut aller jusqu’à l’angoisse et même la panique. Ces désagréments sont suffisamment marqués pour susciter des répercussions sur le comportement, par exemple, en évitant d’affronter la situation redoutée. On se dévalorise. » Certains en viennent à saborder leur carrière : 58 % des salariés disent appréhender d’occuper un poste de direction par peur de devoir s’exprimer en public.

De nombreux travaux scientifiques confirment que la crainte de parler face à un groupe est l’une des peurs les plus répandues dans la population générale, autrement dit, parmi les personnes qui ne présentent pas de troubles psychologiques particuliers. Elle concernerait entre 15 % et 20 % des adultes. Les périodes des confinements « durs » de 2020 et 2021 ont pu leur paraître initialement moins pénibles qu’à d’autres : la distanciation sociale, le télétravail et les téléconférences ont été autant de soulagements pour ceux qui sont les plus sensibles aux interactions en tête-à-tête. Mais, comme on pouvait s’y attendre, le retour de bâton a parfois été difficile lors de la reprise de la vie normale. Beaucoup d’adultes ont eu du mal à reprendre une activité professionnelle normale en présentiel, ayant perdu l’habitude des confrontations directes et des prises de parole lors de vraies réunions. Pour les auteurs, « il est fondamental, pour notre société qui se veut fraternelle et solidaire, de tout faire pour limiter la souffrance de ces personnes. D’une part, en proposant une aide thérapeutique à celles et ceux qui en ont besoin, et d’autre part, en s’interrogeant sur la manière de réduire l’émergence de ces troubles et de les rendre plus vivables. » Ce livre est un véritable plaidoyer pour une société plus bienveillante, moins rude et plus attentive aux craintes d’autrui.

Auteur

  • Irène Lopez