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Les clés

Pourquoi les femmes n’ont plus envie de « faire carrière »

Les clés | À lire | publié le : 13.01.2023 | Irène Lopez

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Pourquoi les femmes n’ont plus envie de « faire carrière »

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Aux pratiques d’un autre temps en entreprise, les femmes répondent : « merci, mais non merci », selon l’ouvrage de Céline Alix. Sa sortie au format poche est l’occasion de se pencher de nouveau sur les raisons qui en poussent certaines à se mettre en rupture.

Un nombre croissant de femmes démissionnent de postes prestigieux. Pourquoi ? Pour répondre à cette première question, Céline Alix a interrogé des dizaines de directrices juridiques, artistiques ou éditoriales et de directrices des ressources humaines, du marketing, de la communication, du développement, de la stratégie… Celles, en somme, qui font partie de la première génération ayant eu l’opportunité d’accéder à des postes jusque-là majoritairement occupés par des hommes. Elles incarnent donc, à ce titre, l’égalité – sur le papier tout au moins –, qui consiste à dire qu’aujourd’hui, les femmes peuvent être administratrices ou membres du comex, associées de cabinets de conseil ou responsables d’opérations d’investissement dans une banque.

Or ces femmes sont arrivées dans un monde du travail où étaient déjà en place des codes, des horaires, des tenues vestimentaires pour un certain modèle de réussite. C’est le moule dans lequel elles ont bien voulu se couler. Mais une fois au sommet, voilà qu’elles prennent conscience que ce n’était pas ce à quoi elles aspiraient… D’où le titre : merci de nous avoir permis d’entrer dans ce monde du travail mais, finalement, non merci, nous n’en voulons pas. Céline Alix détaille les raisons qui poussent ces femmes à en sortir. Ce n’est pas tant qu’elles n’ont pas les épaules pour tenir la pression et le rythme, c’est surtout qu’elles sont lassées des manœuvres politiques et des fanfaronnades, du sexisme quotidien, du culte du présentéisme, sans oublier le non-dit sociétal de la prise en charge de la sphère domestique. L’auteure revisite donc leur choix autrement qu’à travers le prisme de l’échec. Pour cela, elle s’appuie sur les travaux de nombreux sociologues, philosophes et féministes. Elle propose de voir dans le parcours de ces femmes une tentative de modeler une nouvelle forme de réussite sociale, davantage tournée vers le sens, l’éthique, l’efficacité et la sororité. « À l’époque où j’exerçais la profession d’avocate d’affaires, déjà, dans un environnement très masculin, j’avais eu plusieurs fois l’occasion d’expérimenter cette reconnaissance et cette entraide qui, dans le monde concret, technique et exigeant du travail, amènent les femmes à nouer des liens directs, francs et non pollués par des questions d’ego », témoigne-t-elle. Ces femmes qui quittent leur poste ne sont pas tant des « lâcheuses » que des pionnières, qui tentent d’offrir une autre définition de la carrière.

Auteur

  • Irène Lopez