« On voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité », expliquait en 1987 l’économiste Robert Solow. Ce fameux « paradoxe de Solow » vaut toujours… Aujourd’hui, c’est la transformation numérique des entreprises – logiciels en tous genres, en particulier à base d’intelligence artificielle et de données massives, chatbots et autres – qui tarde à porter ses fruits en matière de gains de productivité. Mais au-delà de la traditionnelle période de latence entre déploiement, adoption, généralisation des usages et impact qui peut l’expliquer, le troisième rapport du Conseil national de productivité, rendu public à la mi-mai 2022, donne d’autres pistes pour atteindre ce Graal, offrant la possibilité, en ces temps d’inflation, d’augmenter les salaires grâce aux économies dégagées. Certes, les économistes de cette institution conseillent d’améliorer l’attractivité du pays, en particulier en vue d’une réindustrialisation fondée sur des activités à haute valeur ajoutée, laquelle permettrait, presque mécaniquement, de « regagner en compétitivité, accélérer les gains de productivité, améliorer l’emploi et les niveaux de vie », mais aussi, et surtout, ils soulignent le rôle essentiel de la formation et des soft skills, gage de compétences accrues et d’innovation, en particulier sous forme collaborative. Au point que ces deux éléments « représentent structurellement l’enjeu majeur » de la France pour accélérer les gains de productivité, souligne le rapport, notant de surcroît que dans les comparaisons internationales, la France est mal placée dans ces deux domaines… C’est donc – une fois de plus, pourrait-on dire – sur les DRH que repose l’avenir macroéconomique de la France, rien que cela ! De quoi valoriser un peu plus la fonction…