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Carrières : Le Canada adopte le mentorat agricole féminin

Sur le terrain | publié le : 06.02.2023 | Ludovic Hirtzmann

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Carrières : Le Canada adopte le mentorat agricole féminin

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Les femmes sont peu nombreuses dans la profession, et encore moins dans les instances représentatives du monde agricole. Le programme de mentorat au féminin vise à mieux les intégrer et surtout, à former la relève, dans un secteur à la population vieillissante –  sans oublier le manque de main-d’œuvre.

De Grow A Farmer au Cattlemen’s Young Leaders, il existe foule de programmes de mentorat au Canada : pour les jeunes de moins de 30 ans, pour les éleveurs, pour les agriculteurs écologistes… Mais tous semblent destinés aux agriculteurs, et il n’y avait rien, jusqu’à aujourd’hui, de spécifique pour les agricultrices. Deux associations de femmes agricultrices de l’Ontario et du Québec ont donc conçu un programme de mentorat pour elles. Ces deux organismes, Les Agricultrices du Québec et l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), ont ainsi créé AgriMentor, un ensemble de services gratuits de mentorat personnalisé, à l’intention des entrepreneuses du monde agricole. Avec une première ambition, « politique », celle, pour ces femmes, d’être mieux intégrées dans les instances administratives du monde paysan. Selon le site Internet des Agricultrices du Québec, « l’objectif de ce mentorat politique est de permettre aux femmes de recevoir du soutien d’une personne expérimentée pour améliorer ou développer ses compétences d’administratrices au sein de l’Union des producteurs agricoles (UPA – la grande centrale syndicale agricole du Québec) ». Agricultrices du Québec précise que, dans la Belle Province, « 26 % des propriétaires ou copropriétaires des entreprises agricoles sont des femmes, pour seulement 12 % d’élues dans les instances de l’Union ». Selon l’UPA, « une étude a permis de déceler que 65 % des femmes travaillant dans le domaine de l’agriculture ne se sentent pas bien outillées pour accepter des postes d’élues au sein de l’Union. »

La deuxième ambition du mentorat agricole personnalisé est de partager les connaissances et les expériences entre producteurs. Agricultrices du Québec pose cependant des conditions pour devenir mentor : « Cumuler cinq ans ou plus d’expérience au sein des instances de l’Union des producteurs agricoles ; posséder une bonne connaissance du fonctionnement de l’UPA ; croire aux bienfaits de l’engagement syndical et souhaiter accompagner une personne dans son développement ».

Agrandir son réseau et ses compétences

Les mentors contribuent aussi à l’avancement des femmes en agriculture. Ce faisant, les agricultrices qui auront suivi les conseils d’Agrimentor apprendront à agrandir leur réseau professionnel, à prendre la parole en public, à gérer leur stress au quotidien et surtout à avoir plus confiance en elles dans un milieu encore très masculin.

Les instances agricoles n’ont toutefois pas créé des programmes de mentorat féminin par philanthropie, mais pour répondre plus largement aux besoins d’un milieu en crise. Malgré des revenus bien plus élevés qu’en France et la possibilité d’employer des travailleurs saisonniers mexicains ou guatémaltèques à des salaires très bas, l’agriculture canadienne ne fait pas rêver la population. Et surtout, elle vieillit. Dans un secteur professionnel où moins d’un tiers des travailleurs sont des femmes, « on se préoccupe beaucoup de la relève agricole féminine », a déclaré récemment le directeur général de l’UCFO, Danik Lafond, à Radio-Canada. Cette féminisation pourrait bien sauver la profession et péserver toute la filière agricole – à condition d’avoir de bons mentors !

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann