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Sur le terrain

Insertion : Des portraits pour mieux voir les « invisibles »

Sur le terrain | publié le : 30.01.2023 | Lys Zohin

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Insertion : Des portraits pour mieux voir les « invisibles »

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Les membres du codir de Rebond Insertion, filiale du groupe Suez spécialisée dans l’insertion par l’activité économique, ont profité d’un atelier animé par Christine Boulanger, la fondatrice de Visages d’en faces, pour renforcer leur engagement.

Patrick Blayac, directeur de Rebond Insertion, une filiale de Suez, avait été frappé par la puissance d’une exposition qui se tenait il y a quelques mois dans le 19e arrondissement de Paris, près des locaux de l’entreprise spécialisée dans l’insertion par l’activité économique : des portraits dessinés et racontés, afin de mettre en avant le parcours, parfois difficile, de diverses personnes exerçant des métiers de propreté et de nettoyage dans les rues de Paris. Et il a demandé à Christine Boulanger, fondatrice de l’approche du portrait dessiné et raconté Visages d’en faces, d’intervenir dans un séminaire à destination des membres de son comité de direction.

« Comme toute entreprise, le quotidien des 400 personnes qui travaillent à Rebond Insertion est souvent happé par les contraintes liées aux prestations à nos clients, relève Patrick Blayac. Je voulais faire travailler les membres du codir sur notre raison d’être, pourquoi nous faisons ce que nous faisons et leur faire prendre un peu de hauteur. » Sans oublier de renforcer la cohésion du groupe et l’engagement de ses membres… Des portraits ont ainsi été extraits de l’exposition originelle, d’autant que les profils étaient ressemblants, et présentés avec le parcours des personnes portraiturées. De quoi permettre aux dirigeants de la filiale de Suez de partager sur des métiers pas très sexy, pas vraiment reconnus socialement, puisqu’il s’agit entre autres de ramasser et de trier des déchets, et surtout, des êtres humains qui accomplissent ces tâches, sous toutes les facettes de leur existence, de leur parcours, de leur personnalité.

Rencontrer l’autre

« Le but de ces portraits est bien de rencontrer l’autre et de le rencontrer autrement », explique Christine Boulanger. Qui a en effet posé un instant son regard sur un éboueur ou un balayeur des rues, par exemple ? Qui sait d’où il vient, quel a été son parcours et quelle est sa singularité ? En somme, ces portraits permettent de rendre visibles ces invisibles. « L’authenticité des portraits donne aussi un sens humain universel, qui permet de s’identifier, d’autant que nombreux sont ceux de personnes venant d’autres pays, poursuit cette ancienne consultante d’un grand cabinet de conseil formée aux arts appliqués. Mais l’exercice peut aussi permettre de comprendre des métiers très sophistiqués, comme celui des ingénieurs, pour les mettre plus à la portée des visiteurs d’une exposition. »

Et cet atelier chez Rebond Insertion a beau avoir été un événement ponctuel, qui a eu lieu en novembre dernier, Patrick Blayac en a constaté les effets immédiats sur les membres du codir. « Cela leur a permis d’échanger et de partager leurs émotions et leurs expériences, déclare-t-il. Et a généré encore plus de sens pour leur action. Certains m’en ont reparlé ensuite et de façon très enthousiaste. De plus, le simple fait de prendre un temps pour la réflexion et la prise de recul leur a donné un nouveau souffle. »

Il en faut pour gérer deux ans de parcours en CDD Insertion de personnes éloignées de l’emploi, qui arrivent souvent en grandes difficultés sociales et économiques (surendettement, problèmes de logement et de transport, chômage de longue durée…) et qui se remettent en selle avec d’une part une formation (process, sécurité…) pour le travail de collecte, de tri des déchets, de propreté urbaine et de nettoyage, notamment, et d’autre part, des entretiens avec des conseillers en insertion professionnelle pour se forger un véritable projet professionnel les menant à un métier ou à une formation qualifiante. L’objectif étant que ces personnes retrouvent confiance en elles, comprennent qu’elles ont quelque chose à apporter – à vendre, même – sur le marché de l’emploi et soient autonomes et pleinement actrices dans la société civile.

Parcours d’autonomie

« Si le taux de sortie vers Suez est de 22 % – autrement dit, la proportion de personnes en CDDI chez Rebond Insertion qui sont ensuite embauchées dans le groupe Suez, d’autres se découvrent une vocation pour divers métiers, je pense ainsi à certaines qui vont vers l’aide à la petite enfance, par exemple, et nous avons un cas d’une personne éloignée de l’emploi qui veut devenir ambulancier –, notre but est bien de développer des compétences, y compris des compétences comportementales, pour une insertion durable et réussie », conclut Patrick Blayac.

Auteur

  • Lys Zohin