logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le point sur

Entretien : « La réindustrialisation du pays va beaucoup solliciter les entreprises de la chaudronnerie »

Le point sur | publié le : 30.01.2023 | Gilmar Sequera Martins

Yolande Bufquin, secrétaire générale du Syndicat national de la chaudronnerie, tuyauterie et maintenance industrielle (SNCT), fait le point sur le recrutement dans un secteur soumis à une forte demande.

Quelles sont les caractéristiques majeures du secteur ?

Il regroupe environ 3 000 entreprises pour un chiffre d’affaires total de 7 milliards d’euros. L’ensemble des adhérents du SNCT représentent 50 % du total du chiffre d’affaires du secteur. En outre, il reste très atomisé. À côté des entreprises comptant plus de 500 salariés comme Framatome, Eiffage Métal ou Fives Nordon, nombre de sociétés comptent plus de 100 salariés seulement. Enfin, il est confronté à deux grands défis : d’un côté, l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie et de l’autre, la réindustrialisation du pays, qui va beaucoup solliciter les entreprises du secteur, en particulier avec l’essor de l’hydrogène et l’extension du parc nucléaire, lesquels vont exiger la fabrication de nombreux réservoirs, d’équipements sous pression ainsi que la pose de tuyauteries. D’autres secteurs comme l’agro-alimentaire ou l’industrie pharmaceutique sont aussi consommatrices de nos produits pour assurer leur développement.

Est-ce un domaine en tension ?

La chaudronnerie a toujours été un métier en tension depuis les années 80. Certes, les années 1990 à 2000 ont atténué la demande du fait de la désindustrialisation du pays. La demande d’installations neuves a baissé, ainsi que celle de prestations de maintenance. Mais comme, en parallèle, le nombre de professionnels formé a lui aussi reculé, la tension sur la demande s’est maintenue. Aujourd’hui, cette tension ne fait qu’augmenter. Former des professionnels de la chaudronnerie demande du temps. Le bac pro chaudronnerie exige trois ans de formation pour maîtriser ce savoir-faire très particulier. Un chaudronnier peut en effet être amené à intervenir sur des équipements sous pression. Il doit gérer des enjeux majeurs de sécurité et de qualité de la production. Je crois que l’écart entre les besoins et le nombre de professionnels formés va se maintenir mais il ne devrait pas s’aggraver. Avec toutes les actions engagées depuis plusieurs années, on peut même espérer qu’il se résorbe. Nous avons la chance d’être une filière encore bien structurée en termes de formation, puisque nous avons des formations qui vont du CAP jusqu’au titre d’ingénieur. Tous les secteurs n’ont pas cette chance. Aujourd’hui, dans beaucoup de métiers de la mécanique nécessaires à l’industrie, il y a un véritable problème de capacité de formation initiale ou de formation des personnes en reconversion. La formation de tourneur-fraiseur a quasiment disparu du paysage de la formation. Compte tenu de la situation, nous avons depuis cinq ans renversé la tendance. Aujourd’hui, l’Éducation nationale nous dit que les formations de CAP et de bac « pro » chaudronnerie sont le premier choix des élèves. Ce n’était pas le cas il y a dix ans. C’est le résultat d’un travail de communication sur le terrain mené depuis une décennie.

Vous avez lancé une appli pour améliorer le recrutement…

Elle est gratuite et a été ouverte en juin dernier. Elle est destinée aux jeunes diplômés de chaudronnerie. Pour s’inscrire, les jeunes fournissent leur nom, leur prénom, puis leur expérience, leur diplôme et ce qu’ils recherchent (stage, contrat d’apprentissage ou premier emploi). Les entreprises passent par une interface plus classique, à travers laquelle elles peuvent indiquer leur localisation, leur activité principale et ce qu’elles recherchent. Pour éviter le débauchage entre entreprises, les demandes pour des postes à temps plein ne concernent que des personnes recherchant un premier emploi. Pour faire connaître l’appli, nous avons conçu un kit de communication (flyer, QR code et kakémono) qui a été diffusé dans tous les établissements scolaires concernés. Cette campagne de communication entre dans le cadre de l’attractivité des entreprises qui est en permanence dans nos esprits. Nous avons eu recours à une agence de création. Le coût de l’appli et du kit de communication se monte à environ 30 000 euros.

Des améliorations sont-elles prévues ?

Dans la version 2, que nous lancerons début 2023, nous aimerions pouvoir proposer un questionnaire aux entreprises et aux candidats afin d’avoir plus d’informations sur l’usage et l’efficacité de l’application. Nous aimerions aussi pouvoir ouvrir l’appli aux personnes en reconversion, mais il faudra leur adresser une campagne de communication spécifique. Elle sera ciblée sur les organismes de formation qui accueillent ces personnes en phase de reconversion en recherche d’un contrat pro ou d’un premier emploi.

Auteur

  • Gilmar Sequera Martins