Chez les jeunes, les emplois non qualifiés représentent des emplois de passage, c’est-à-dire des portes d’entrée, ou des emplois d’ancrage s’ils ne mènent pas vers un poste plus qualifié. Une étude du Céreq publiée en décembre 2022 souligne l’importance du deuxième phénomène pour les jeunes sortis d’étude en 2010 : ces emplois de moins bonne qualité « laissent des traces » dans leurs trajectoires. En 2010, environ un quart des premiers emplois occupés par ces jeunes sont non qualifiés, puis cette part s’érode à 14 % en 2017. Il existe ainsi un phénomène de passage pour une partie des jeunes. D’ailleurs, entre 2010 et 2017, 45 % des jeunes trouvant un premier emploi non qualifié évoluent vers l’emploi qualifié. Cependant, l’effet d’ancrage pèse lourd : 30 % occupent toujours un emploi non qualifié sept ans plus tard, et 17 % se trouvent au chômage. Et en s’intéressant spécifiquement à leurs transitions entre 2013 et 2017, c’est l’effet d’ancrage qui domine : « Près de la moitié des jeunes en emploi non qualifié après trois ans de vie active le sont encore quatre ans plus tard », note le Céreq. Toutes choses égales par ailleurs, « avoir été en emploi non qualifié accroît la probabilité d’y être encore en 2017, et ce, pour chacun des niveaux de qualification des jeunes ». En définitive, « dans un contexte de conjoncture économique notoirement défavorable, où les possibilités de reclassement et de promotion sont moindres, les emplois non qualifiés (…) paraissent constituer des emplois d’ancrage pour le plus grand nombre des jeunes ».