Gérard Jandin, ingénieur de production, présente, dans un ouvrage témoignage, Salariés et dirigeants en confiance, une multitude de cas issus de son expérience professionnelle et de vie. Il décrit à la première personne et de manière très directe comment il a su écouter les difficultés de ses collaborateurs, les motiver, résister avec ses équipes à une délocalisation vers un pays low cost et ainsi préserver 350 emplois. « Vous dirigez votre entreprise, alors acceptez de faire confiance à vos salariés », assène-t-il, en fil rouge de son livre. De tous ses contacts avec le monde de l’entreprise, il tire la même conclusion : la plus grosse lacune, dans les organisations, réside dans le désintérêt pour l’humain. L’anecdote suivante est emblématique de ce constat. Un patron est de retour dans son entreprise après une absence de 12 jours, à la suite d’une hospitalisation. Il reste estomaqué : après avoir vérifié toutes les factures, comme à son habitude, il ne constate aucune erreur. Gérard Jandin lui explique : « Comme vos collaborateurs savent que vous vérifiez les factures, ils ne sont pas attentifs à tout. Des erreurs s’y glissent et arrivent sur votre bureau. Vous découvrez ces erreurs et, dans certains cas, vous piquez une grosse colère. Mais du fait de votre absence […], les personnes ont effectué leur travail comme elles savent le faire : avec perfection. Donc, en votre absence, elles ont agi de la meilleure façon qui soit. » Pour l’auteur, cet exemple (et tous ceux cités dans le livre) illustre le quotidien des entreprises quand les dirigeants ne prennent pas soin de comprendre ce que leurs collaborateurs peuvent apporter. Un autre sujet saillant de l’ouvrage concerne le management. Selon l’auteur, le qualificatif de « manager » est inapproprié dans 92 % des cas… Le terme implique en effet que les professionnels bénéficiant de ce titre sont responsables d’une équipe (peu importe sa taille). Or seuls 8 % des managers sont capables d’animer une équipe, autrement dit, de se distinguer par leur capacité à prendre des initiatives, de manière naturelle. Mais les ouvrages de management classique, qui font la part belle à ce leadership naturel, contiennent aussi l’idée qu’un expert technique n’a pas de leadership. L’auteur réfute cette idée, expliquant que « certes, il devra consacrer un peu plus de temps à la préparation de sa communication envers ses équipes, mais il saura trouver les bons mots et convaincre ses collaborateurs de coopérer en vue de déployer son projet. » Dans les grands groupes, les RH sont censés savoir identifier les futurs leaders. Mais en tiennent-ils compte dans les décisions d’embauche ? Gérard Jandin lance un appel aux employeurs : « Lorsque vous recrutez, mettez ce point sur la table. Faites passer un test pour identifier les personnes aptes à l’encadrement d’équipes, parlez ouvertement de ce leadership naturel. […] Surtout, ne mettez pas ce problème sous le tapis. »