Le problème de l’inflation se pose pour plusieurs catégories sociales, alerte le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités, publié en décembre 2022. D’abord pour les salariés qui ne retirent que des bénéfices limités de l’indexation du Smic sur les prix. C’est le cas des travailleurs à temps partiel ou des salariés proches du Smic dans les entreprises qui ne peuvent pas augmenter les salaires. Ensuite, pour ceux dont le mode de consommation est éloigné du « panier moyen » qui sert à établir l’indice des prix de l’Insee : ceux faisant face à « des dépenses de carburant importantes pour aller travailler » et « ceux dont le logement est mal isolé et difficile à chauffer sans dépenser une fortune vont subir de lourdes pertes de pouvoir d’achat même si leurs revenus augmentent autant que la moyenne des prix ». En outre, les mesures politiques qui protègent l’ensemble de la population, par exemple en réduisant les prix des carburants à la pompe ou en subventionnant les tarifs de l’énergie, sont jugées inefficaces. Elles favoriseraient la consommation des catégories aisées parce qu’elles se déplacent plus et chauffent des logements plus grands : « L’argent ainsi perdu devrait plutôt être économisé pour soutenir ceux qui en ont vraiment besoin », relève le rapport. Par ailleurs, le document recense plus de cinq millions de pauvres : des personnes vivant avec moins de 940 euros par mois (seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian), soit 8 % de la population, une part qui stagne depuis plusieurs années. Elles « ne souffrent pas toutes de la faim et ne vivent pas toutes sous les ponts, mais demeurent à l’écart des normes de consommation du reste du pays alors que la société pousse à acheter toujours plus », précise le rapport.