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À Angers, une Connected Week pour la parité dans la tech

À retenir | publié le : 09.01.2023 | Lucie Tanneau

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Égalité : À Angers, une Connected Week pour la parité dans la tech

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Organisées à la fin novembre dernier, deux journées inédites de rencontres et de tables rondes avaient un objectif : prouver que le secteur des nouvelles technologies peut être inclusif et paritaire. Invités convaincus mais… public clairsemé.

Le chiffre, énoncé par Viviane Madinier, la secrétaire générale de l’association Femmes@numérique, également directrice des systèmes d’information déléguée à la branche industrie du groupe La Poste, – « seules 7 % des filles envisagent actuellement de s’orienter vers les technologies, contre 29 % des garçons » – résume à lui seul l’intérêt de l’événement organisé à Angers. La première Connected Week s’y est déroulée à la fin novembre dernier, au Centre des congrès de la capitale du Maine-et-Loire. Et son organisation a été difficile, aux dires de Corine Busson-Benhammou, directrice d’Angers French Tech, à l’origine de l’événement… Malgré ces chiffres et les stéréotypes encore nombreux sur la relation entre femmes et numérique, « pour beaucoup, un congrès comme celui-ci ne semblait pas nécessaire », rapporte-t-elle, avec un certain désarroi… Si elle a réussi à attirer des intervenants pointus, notamment l’ancienne ministre déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, l’ex-présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, et le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu (à domicile, puisqu’il a été maire d’Angers), le public, lui, a quelque peu manqué à l’appel. Pour la première table ronde publique, consacrée à l’égali-tech (ou comment démontrer qu’une plus grande parité est une opportunité pour le secteur), une classe d’étudiants de l’université d’Angers a permis de garnir les rangs. Mais l’auditorium du Centre des congrès n’a pas été très fréquenté lors des autres tables rondes. Pourtant, le tableau dressé sur scène met en lumière des enjeux forts.

Lever les barrières

« Au commencement, il y avait les femmes », a tenu à souligner Élisabeth Moreno, citant les calculatrices humaines de la Nasa et l’inventrice de l’ancêtre du wifi, Hedy Lamarr… tout en regrettant qu’aujourd’hui, le numérique n’emploie que 30 % de femmes.

À qui la faute ? Les différentes intervenantes évoquent des éléments connus – les traditions et stéréotypes associés aux genres, les barrières internes et externes, le plafond de verre… Mais relèvent aussi quelques belles carrières. À cet égard, les témoignages de Stella Morabito, déléguée générale de l’Alliance française des industries du numérique (AFNUM), et de Claire Scharwatt, responsable des politiques publiques et durabilité pour Amazon France, ont tordu le cou à ce « déterminisme ». La première, fille d’artistes, n’était pas prédestinée aux sciences et y a pourtant fait carrière, même si elle a connu des inégalités criantes face à ses confrères masculins (notamment un salaire 30 % moins élevé qu’un collègue homme, à qualification moindre et ancienneté égale). La deuxième a fait toute sa carrière dans la tech et évoque notamment l’initiative de 2020, Amazon Future Engineer, lancée par son employeur, qui propose des initiations au code informatique dans les établissements scolaires et des présentations des métiers technologiques à des femmes, via des associations. « Les démonstrations permettent de lever les barrières », assure-t-elle.

Enjeu de performance

« Intégrer les femmes dans les entreprises n’est pas un sujet de bienveillance ni d’attention mais un enjeu de performance et d’innovation », ajoute Élisabeth Moreno. Enfin, « il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat en mathématiques pour faire carrière dans la tech », renchérit Viviane Madinier, qui rappelle l’importance des prescripteurs : les parents, les professeurs et l’entourage, qui sont souvent conscients des opportunités d’emploi dans le numérique, considérés unanimement comme « les métiers de demain », mais jugent, en particulier les parents, que ce sont des « métiers techniques, solitaires, dans lesquels on s’ennuie, dit-elle. Or je ne me suis jamais ennuyée ». Et de conclure : « Quand on sait que la durée de vie d’une compétence dans ce secteur est de 18 mois, la tech a besoin d’une pluralité de profils pour coconstruire les solutions de demain. »

Les entreprises présentes au congrès (La Poste, EDF, Orange…) sont toutes de bonnes élèves en matière de recrutement, de formation et d’avancement des carrières féminines, mais se retrouvent souvent bien seules. Et elles espèrent que la deuxième Connected Week – si elle a lieu – attirera davantage, pour ne pas prêcher seulement des employeurs convaincus…

Auteur

  • Lucie Tanneau