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Compétitivité par les talents : la France, mauvaise élève !

Chroniques | publié le : 19.12.2022 |

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Compétitivité par les talents : la France, mauvaise élève !

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Par  Martin Richer co-fondateur de Management & RSE

L’Insead vient de publier son « indice mondial de compétitivité en matière de talents », qui compare la capacité de 133 pays à développer, attirer et retenir les talents, à partir de 69 indicateurs.

Une performance peu glorieuse pour la France

La France arrive en 19e position mondiale (et 14e en Europe), ce qui n’apparaît pas particulièrement glorieux pour la 7e puissance économique mondiale, également 3e puissance économique en Europe, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni… Cet écart me semble problématique puisqu’il est reconnu que la compétitivité dépend de plus en plus du facteur humain. La France n’a guère progressé depuis la première édition de l’index en 2013, lorsqu’elle se plaçait au 20e rang. En 2022, elle se situe largement derrière l’Allemagne (14e) et surtout le Royaume-Uni (10e). C’est la Suisse qui arrive en tête du palmarès, suivie par Singapour et le Danemark.

Des indicateurs parfois peu pertinents

Pour connaître les leviers de progrès pour la France, et donc pour ses entreprises, il faut plonger dans la fabrication concrète de l’indice pour repérer les indicateurs qui nous entraînent vers le bas. On découvre alors que la France est principalement handicapée par un critère, qui n’est pas directement lié à la qualité de la gestion des talents : l’environnement économique général et le climat des affaires. Ainsi, par exemple, la France (oui, celle de la Ve République !) pointe au 47e rang mondial pour la « stabilité politique », indicateur fort discutable repris à la Banque mondiale.

Les leviers de progrès pour les entreprises françaises

En revanche, d’autres indicateurs défavorables à la France me semblent plus convaincants. Ainsi, par exemple, la régulation sociale caractérisée par des relations sociales davantage axées sur la confrontation que sur la coopération, la capacité perçue par les citoyens de retenir « les meilleurs et les plus brillants » et le fait que le salaire dépende beaucoup ou peu de la productivité du salarié, trois indicateurs du WEF (World Economic Forum, également connu sous le nom de Forum de Davos) sur lesquels la France est très mal placée, respectivement au 57e, 63e et 52e rang mondial.

De même, n’en déplaise à ceux qui cherchent à hystériser ce débat, nous sommes parmi les pays les plus mauvais pour la proportion de migrants dans la population (36e rang selon les Nations Unies), la capacité à attirer des talents de l’étranger (44e rang selon le WEF), la tolérance vis-à-vis des immigrés (59e rang selon le Gallup World Poll) et surtout les discriminations et violences contre les minorités (81e rang selon l’étude « Fragile States »). Le WEF donne une piètre position à notre pays (60e rang) sur la façon dont ses citoyens pensent que les femmes ont un accès égal à celui des hommes aux fonctions de leadership.

À un moindre degré, les entreprises françaises souffrent du retard dans l’adoption des technologies. La France est au 36e rang mondial pour la proportion de ses entreprises disposant d’un site Web et, pire encore, au 44e rang pour la part de la population disposant de compétences informatiques.

Enfin, la France est fortement desservie par les dysfonctionnements de son marché du travail et de son système de formation, pointés par la proportion des salariés dont le niveau de formation correspond à l’emploi (42e rang selon le BIT, Bureau international du travail), l’adéquation du système d’éducation aux besoins d’une économie compétitive (40e rang selon le WEF), le taux de chômage parmi les salariés les plus qualifiés (62e rang, BIT) et surtout, la facilité avec laquelle les entreprises parviennent à trouver les compétences correspondant à leurs besoins de main-d’œuvre (75e rang, WEF).

Voici donc quelques champs de progrès pour nos entreprises en quête de compétitivité !

Pour aller plus loin : « Sommes-nous tous du capital humain ? » http://management-rse.com/sommes-nous-tous-du-capital-humain/