Il existe des différences entre sport et monde du travail, mais aussi nombre de similitudes. Parmi les différences, alors que le sport offre souvent, même s’il faut s’entraîner dur, et pendant des années, des résultats que l’on pourrait considérer comme immédiats : on gagne ou on perd, on monte sur le podium ou non, dans les affaires, un résultat positif peut prendre davantage de temps à se matérialiser. Et j’ai vu, d’ailleurs, d’anciens athlètes avoir du mal à s’adapter à un nouvel environnement, dans les affaires, du fait, précisément, de cette durée plus longue pour obtenir des résultats évidents, sans appel. Cela dit, les athlètes apprennent à performer alors qu’ils sont sous pression, ils cultivent la résilience, surtout lorsqu’il faut rebondir après un échec, ainsi que la confiance en soi. De même, ils sont dans le contrôle d’eux-mêmes et dans la discipline. Autant de qualités qui peuvent – et doivent – se transposer dans le monde du travail et en faire partie. Sans oublier le fait d’accepter d’être coaché et de recevoir du feed-back de la part de l’entraîneur, y compris pour changer d’attitude. J’imagine qu’après certains matches perdus, lors de la Coupe du monde de football, les commentaires de l’entraîneur peuvent être durs à entendre… Mais il faut bien que les joueurs apprennent à les recevoir et à réagir ensuite. En somme, il faut, dans les deux mondes, penser à l’éventualité d’un échec et accepter de se mettre en danger. Mais dans le monde des affaires, nombreux sont ceux qui veulent éviter à tout prix de se mettre en danger…

Ce que j’observe en premier pour jauger l’esprit d’équipe, c’est la façon dont les conflits sont gérés. Mieux vaut les gérer directement et de manière pro-active. Cela demande du courage, de la part de l’entraîneur ou d’un membre de l’équipe, de se confronter aux autres. Or dans le monde du travail, je constate, en général, que les collaborateurs comme les managers font tout pour ne pas gérer les conflits, pour éviter de les traiter. En conséquence, l’abcès se forme et induit une situation pour le moins négative. Mais si une équipe sportive veut gagner, et de manière régulière, chacun doit faire son travail, et chacun doit être tenu pour responsable de ses actions. D’ailleurs, dans le sport, le coach est souvent tenu pour responsable du succès ou de l’échec de son équipe. Cela devrait être la même chose dans le monde du travail, alors que, là encore, je note une difficulté, une répugnance même, à tenir pour responsables les membres de l’équipe, voire les leaders. Et l’entreprise, ainsi que tous les collaborateurs, en souffrent, in fine.

D’abord créer, par l’exemplarité, une culture qui va dans ce sens. Il ne suffit pas d’amener un orateur à une pause déjeuner pour en parler ! Créer cette culture d’entreprise peut prendre du temps, mais il s’agit de changer le comportement de chacun, même celui qui n’a pas envie de le faire. Parfois, cela demande même de changer la composition des équipes. Regardez ce qui se passe dans la tech en ce moment. Elon Musk, par exemple, a décidé – que ce soit une bonne chose ou non – de faire évoluer la culture de Twitter, et pour cela, il considère qu’il n’a pas d’alternative à part renvoyer une partie de la direction et des équipes…