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Égalité : L’écart de salaire hommes-femmes perdure au Québec dans certains secteurs

À retenir | publié le : 12.12.2022 | Ludovic Hirtzmann

Un quart de siècle après l’adoption de la loi sur l’équité salariale dans la province canadienne, l’enseignement, la culture et la santé sont toujours à la traîne.

« La loi sur l’équité salariale (ES) vise à corriger les écarts salariaux dus à la discrimination systémique fondée sur le sexe à l’égard des personnes qui occupent des emplois à prédominance féminine », note l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). L’ES est le droit d’obtenir « un salaire égal pour un travail de valeur égale ». Elle s’applique tant aux entreprises privées que publiques de plus de dix employés.

Mais quel est le bilan, 26 ans après la mise en œuvre de la loi ? Les entreprises québécoises, pionnières dans le pays, ont été assujetties à l’ES par vagues successives et elles ont disposé de quatre ans à partir du moment où elles étaient soumises à la loi pour s’y conformer. Il a fallu bien des rappels à l’ordre. Si les grandes et moyennes entreprises s’y sont plutôt bien pliées, ce n’est pas tout à fait le cas pour les TPE. La commission de l’équité salariale a dû parfois distribuer des amendes aux récalcitrantes. Toujours est-il qu’« en 1998, la rémunération horaire moyenne des femmes occupant un emploi salarié équivalait à environ 83 % de celle des hommes. En 2021, elle s’établit à environ 91 %, la rémunération horaire moyenne des femmes étant de 27,39 dollars canadiens (19,38 euros) et celle des hommes de 30,16 dollars (21,34 euros) », ajoute l’ISQ dans une étude rendue publique à la fin novembre 2022. Toutes les professions ne sont pas logées à la même enseigne. Si l’écart salarial hommes-femmes a particulièrement diminué dans les professions de gestion, ce sont aussi les métiers les mieux payés, avec une moyenne horaire de 44 dollars pour les femmes et de 49 dollars pour les hommes. Rien de tel dans les métiers de l’enseignement, de la culture et de la santé, où, selon l’ISQ, la situation n’a pas franchement évolué. « Vingt-cinq ans après l’adoption de la loi sur l’équité salariale, force est de constater que, dans sa forme actuelle, la loi est mal appliquée, ses moyens sont limités et elle n’atteint pas son objectif initial, entre autres auprès des travailleuses en éducation, en petite enfance, en enseignement supérieur et en santé », a déclaré récemment dans un communiqué Éric Gingras, le président de la CSQ, l’un des principaux syndicats québécois. Ce ne sont pas les seuls : ceux de l’agriculture et des ressources naturelles sont aussi à la traîne. Les femmes n’y gagnent toujours que 72 % du salaire masculin. Bref, il est temps d’accélérer… « Si l’on gardait le rythme des dernières années, ça prendrait 50 ans avant qu’on n’atteigne une véritable égalité salariale », tranchait récemment Anne Plourde, chercheuse de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques du Québec, sur Radio-Canada. En outre, les entreprises sous compétence fédérale (banques, aéroports…) ne sont assujetties à la loi sur l’équité salariale que depuis cinq ans. Pour s’assurer que ces sociétés respectent bien leurs obligations, Ottawa a d’ailleurs créé un poste de Commissaire à l’équité salariale, à l’instar de ce qu’avait fait le Québec il y a vingt ans…

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann