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Sur le terrain

Égalité : VF Corp., le sportif qui aime les femmes

Sur le terrain | publié le : 05.12.2022 | Caroline Crosdale

Le géant américain, expert en vêtements et chaussures de sport, dope la carrière des femmes et des collaborateurs issus des minorités.

VF Corp. croule sous les lauriers… La maison mère de grandes marques de vêtements, d’accessoires et de chaussures de sport (The North Face, Vans, Timberland, Dickies…) est en effet reconnue pour ses efforts en matière de diversité et d’inclusion. Ethisphere classe VF Corp. parmi les entreprises les plus éthiques du monde économique. Le magazine Forbes vante sa gestion des femmes dans les effectifs… Et la Fondation Human Rights lui donne un score parfait pour son traitement de la communauté LGBT+.

Les progrès accomplis sont mesurés tous les ans dans le rapport Idea (Inclusion, diversité, équité et action) du groupe. Les femmes représentent ainsi 53,2 % des effectifs. Et occupent une bonne partie des postes d’encadrement. Les manageuses et cadres supérieures comptaient déjà en 2021 pour 40,7 % de l’ensemble. Un an plus tard, elles sont à 41,8 %. Les nouvelles embauches du siège social leur font la part belle : 56 %. Et elles bénéficient de 60,4 % des promotions.

Le traitement des minorités raciales est lui aussi étudié. Les salariés Bipoc (Black, Indigenous, People of Color) – en clair, non blancs – sont devenus majoritaires. Cette année, 56 % des effectifs de VF Corp. sont classés Bipoc, plus de 33 % sont des Latinos, 9 % sont noirs, 6 % asiatiques… Mais ils sont encore trop peu nombreux à des postes d’encadrement et de top management. Les cadres issus des minorités n’étaient que 16,4 % en 2021 et 18,1 % cette année. VF Corp. tente de corriger en embauchant davantage de personnes issues des minorités : pas moins de 60,6 % ces derniers mois, tout en dynamisant leurs promotions, qui ont grimpé à 47,9 %.

Mais il y a encore du travail à accomplir. « Quand on démantèle des années d’a priori et d’oppression, on sait que la route vers l’équité est longue. La seule façon de réussir est de franchir les étapes, l’une après l’autre », écrit dans son rapport Lauren Guthrie, la vice-présidente en charge de la diversité. De fait, les avancées sont très progressives, avec des gains de 1 % à 2 % d’une année sur l’autre. Mais Steve Rendle, le numéro un de VF Corp., ne se laisse pas décourager. « Nous ne voulons pas seulement participer, dit-il, nous voulons être des leaders dans ce domaine. »

S’appuyer sur les réseaux d’affinités

Pour se faire, VF Corp. a mis en place plusieurs comités tels Care (Conseil pour l’avancement de l’équité raciale), de même qu’un Conseil de l’inclusion, de la diversité et de l’équité. Leurs dirigeants se donnent des objectifs chiffrés. Il est ainsi prévu que d’ici 2024, tout différentiel inexpliqué de salaire soit mis à jour et corrigé. C’est valable pour les salariés, mais aussi les athlètes sponsorisés par VF Corp. et les influenceurs qui collaborent avec les différentes marques.

L’objectif 2030 est d’arriver à une parité entre hommes et femmes dans l’encadrement. En outre, 25 % de ces postes devront être occupés par des représentants de la diversité. Pour y arriver, Care a imposé certaines obligations. Lorsque le groupe recrute, il doit au minimum recevoir 50 % de candidats minoritaires (femmes, personnes handicapées, LGBT+, Bipoc). Et il est suggéré de s’appuyer sur les quatre réseaux internes – des communautés d’affinités où se retrouvent des femmes, des minoritaires, les LGBT+ et les anciens de l’armée. À eux de repérer les futurs leaders et de les promouvoir. Les cadres responsables de l’embauche sont poussés à jouer le jeu, car une partie de leur bonus en dépend.

Si ces comités donnent le ton, pour que cette stratégie soit réellement efficace, Lauren Guthrie a mis en place une multitude de relais locaux dans les différentes marques du groupe. La VF Foundation, qui a dépensé plus de 60 millions de dollars depuis sa création, consacre 56 % de ses subventions américaines à des projets d’inclusion et de diversité. C’est ainsi que The North Face a pu financer la première expédition d’alpinistes noirs à l’assaut de l’Everest.

L’accent est aussi mis sur l’éducation. VF Corp. s’est associé à la Pensole Design Academy de Portland, mise sur pied par D’Wayne Edwards. Le designer propose aux jeunes élèves noirs des formations pour créer des chaussures. Les marques de VF Corp. – The North Face, Timberland, Vans et Altria – ont accueilli dans leurs studios pendant trois mois cinq élèves de l’académie. Elles en ont embauché quatre et attendent que le cinquième finisse ses études pour lui faire signe. De même, VF Corp. soutient un programme d’apprentissage d’un an pour 15 jeunes vendeurs minoritaires. Petit à petit, les effectifs, en plus de se féminiser, se « colorisent » donc…

Auteur

  • Caroline Crosdale