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Bien-être au travail : Les toutous sont les bienvenus à la Ville de Suresnes

À retenir | publié le : 05.12.2022 | Irène Lopez

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Bien-être au travail : Les toutous sont les bienvenus à la Ville de Suresnes

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L’accord, inédit dans la fonction publique, permet l’accueil d’animaux domestiques sur le lieu de travail. La Ville de Suresnes, qui vient d’être récompensée pour ce dispositif, souhaite favoriser le bien-être de ses agents et en attirer de nouveaux. Et l’accord fait des émules.

De sa démarche élégante, Fano trottine d’un bureau à l’autre, déclenchant les sourires des collaborateurs du service des archives de la Ville de Suresnes. Fano est un spitz, une race de petit chien à la fourrure longue et épaisse. Il appartient à Haude de Chalendar, archiviste et présidente du syndicat Synper. « Il me suit partout, confie-t-elle. Il est très sociable et adore les caresses. » Comme Fano, 15 autres chiens ont droit de cité à la Ville de Suresnes. Ils accompagnent leur maître sur leur lieu de travail.

Cette possibilité est le fruit d’un accord permettant l’accueil d’animaux domestiques sur le lieu de travail de ses agents, souhaité par Béatrice de Lavalette, adjointe au maire de Suresnes. Conclu après plusieurs mois de réunions de travail avec les organisations syndicales, il a été signé par la CGT, FO et le Synper, en septembre 2020.

Profondément attachée au bien-être des agents et à la condition animale, Béatrice de Lavalette a inscrit ce projet dans le dialogue social, pour qu’il soit porté par les agents eux-mêmes. « Je suis persuadée qu’il n’y a pas de qualité du travail sans qualité de vie au travail », explique celle qui est également en charge des RH et veut faire de Suresnes un laboratoire d’innovation sociale. Elle a réussi à faire signer 39 accords « gagnant-gagnant », comme elle tient à les décrire, autour de quatre axes : le dialogue social, le handicap, l’égalité femme-homme et la qualité de vie au travail. C’est, par exemple, grâce à elle que les agents de la ville peuvent pratiquer des activités sportives et culturelles (chant choral, nage avec palmes…) sur leur temps de travail.

Cadre précis

Aujourd’hui, une dizaine de bureaux accueillent 15 chiens dont les propriétaires sont des agents, dans des services tels que les RH, le juridique, le technique, le courrier, les archives, la direction financière, la communication. Sont exclues la crèche et la restauration. De même, les jardiniers et policiers municipaux n’ont pas le droit de venir avec leur animal. Car la mesure s’inscrit dans un cadre très précis : tout le personnel du service concerné par l’accueil d’un chien doit donner son accord, et seuls les chiens éduqués et ne présentant pas de danger sont admis. Ainsi, le chihuahua de la responsable FO, plutôt hargneux, doit rester à la maison, tout comme les chiens d’attaque, dits de première catégorie (tels les pitbulls). Une centaine d’agents (soit 10 % de l’effectif total) sont aujourd’hui concernés et cohabitent harmonieusement avec les boules de poils.

Apaiser les tensions

Béatrice de Lavalette a commencé à travailler sur le sujet en février 2020. « La présence d’un animal agit comme un antipoison, capable d’apaiser les tensions. Elle favorise les échanges », assure-t-elle. L’élue, pour contrer de possibles détracteurs, s’est appuyée sur de nombreuses études pour étayer sa proposition. Intarissable, elle cite entre autres le Dr Légeron, psychiatre et spécialiste du stress au travail, ou une étude de la Virginia Commonwealth University, datée de mars 2012, qui montre que huit salariés sur dix ont plus de plaisir à venir travailler et sont plus créatifs avec un animal à leur côté. « Selon la Fédération française de cardiologie, la présence d’un chien réduit de 36 % la probabilité d’avoir un infarctus, diminue le taux de cortisol (hormone du stress) et augmente celui d’ocytocine (hormone du bien-être) lorsqu’on interagit avec un chien, 8 % des entreprises nord-américaines acceptent la présence d’animaux de compagnie, la Suède et le Canada sont également très avancés sur le sujet », argumente-t-elle ainsi.

Et la mesure a fait des émules. Elle a notamment inspiré Grenoble, Carrières-sous-Poissy, Montpellier, Palaiseau et Strasbourg. La dernière initiative en date est à la Ville de Paris, où le conseil a accepté un vœu déposé par la maire du 5e arrondissement. En outre, le 15 octobre dernier, la Ville de Suresnes a reçu le Trophée Pet Friendly à la française. « La fonction publique souffre d’une image empreinte de rigidité et d’archaïsme et apparaît ces dernières années beaucoup moins attirante, surtout chez les jeunes, avec des milliers d’emplois vacants. L’accueil des animaux domestiques au bureau est un véritable élément d’attractivité, tant dans le secteur public que dans le privé », a déclaré Béatrice de Lavalette à cette occasion. Si l’effet bien-être a été établi, reste à en prouver l’attrait pour les talents…

Auteur

  • Irène Lopez