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Cas d’usage : L’accessibilité au village olympique, un bel exemple d’innovation

Le point sur | publié le : 21.11.2022 | N. T.

Des usagers en situation de handicap ont testé fin octobre des dispositifs de signalétiques prévus aux alentours du futur village des athlètes des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Des dispositifs qui seront pérennisés au-delà de l’évènement.

« Avez-vous trouvé le dispositif simple ? Les messages clairs ? Les informations sonores perceptibles ? » : voici quelques exemples de questions auxquelles devait répondre la trentaine de testeurs handicapés venus évaluer, le 19 octobre dernier, les aménagements prévus à quelques encablures du Stade de France et du futur village des athlètes à Saint-Denis.

Dès la sortie du métro Carrefour-Pleyel (ligne 13), des bandes podotactiles au sol conduisent jusqu’à l’entrée d’une rue piétonne où se dresse une table d’orientation multi-sensorielle sur laquelle figurent deux cartes aux échelles différentes. « Nous avons essayé d’interpréter la carte du territoire. Au lieu d’avoir le nord devant, nous avons obliqué à 40° pour avoir une lecture plus intuitive », détaille Sandra Bossard, secrétaire générale de l’Association française des professionnels pour l’accessibilité aux personnes handicapées (AFPAPH) qui participe au projet. Sur ces deux cartes au fond gris foncé, accompagnées d’une boussole sonore, des éléments de repères comme la mairie, la Seine, les places apparaissent en relief, en blanc et jaune. L’objectif est de permettre à tous – déficients intellectuels, dyslexiques, non-voyants, malentendants, personnes en fauteuil… – de se situer dans l’espace public. Quelques mètres plus loin, aux intersections sans feux, des haut-parleurs se déclenchent à l’aide d’une télécommande ou d’un téléphone portable. Un moyen de renforcer la vigilance des passants tout en indiquant des directions. Sur les panneaux signalétiques, des pictogrammes ont également été pensés pour les personnes illettrées. Des zones d’assises devraient aussi être installées tous les 50 mètres pour le public fatigable… Au-delà du cadre réglementaire, les professionnels de l’accessibilité qui ont conçu ce parcours ont cherché davantage de confort et de qualité d’usage visant une adaptation à tous les handicaps.

Aménagements

« Nous avons monté un groupe de travail “accessibilité universelle” avec huit structures associatives qui nous accompagnent sur des sujets stratégiques et opérationnels », indique Pierre-Antoine Leyrat, chef de projet accessibilité universelle à la Solideo, la société en charge de l’aménagement des sites et infrastructures pérennes dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Un partenariat d’innovation a été élaboré avec un groupement constitué de TPE-PME, toutes expertes de leur sujet : la conception universelle, les produits d’accessibilité, la signalétique, le plan tactile… « Les aménagements dans l’espace public vont concerner tout le monde, mais nous avons les mêmes ambitions pour nos bureaux », souligne le chef de projet. Une grande partie des locaux du village olympique utilisés durant les Jeux comme logements seront en effet reconvertis ensuite en espaces de travail. « Nous avons prévu d’accueillir à peu près 6 000 personnes dans le village des athlètes », précise Pierre-Antoine Leyrat, qui espère que cette expérience serve d’exemple et inspire les nombreuses entreprises implantées sur le territoire. « La première brique, c’est que le bâtiment qui accueille le salarié en situation de handicap dispose d’une bonne accessibilité à travers l’aménagement des espaces publics », commente-t-il.

Test en fauteuil

« J’ai vu que la tour EDF Cap Ampère, juste à côté, avait un ascenseur dehors. Donc, vous savez que si vous voulez postuler, vous avez déjà l’ascenseur et cela suppose qu’à l’intérieur, il est aussi prévu de quoi vous accueillir », fait remarquer une testeuse en fauteuil qui avait dû batailler avec son employeur après son accident, dans les années 1980, pour descendre son bureau d’un étage… Si des progrès ont été réalisés depuis, la démarche d’accessibilité reste trop souvent initiée au cas par cas, parfois à destination des publics reçus dans l’entreprise – mais pas forcément des salariés… Guillaume Wemelle, professionnel du secteur depuis plus de dix ans, cite ainsi l’exemple de La Poste, qui avait engagé une démarche proactive sur ces parties ouvertes au public pour rendre accessible l’ensemble de ses bureaux de poste – sans penser à ses salariés… « Cela provoquait un doublement des frais de rénovation et d’aménagement, alors que si cette réflexion avait été prise en compte dès le début, beaucoup plus de choses cohérentes auraient été réalisées », relève le responsable, qui dénonce aussi l’attitude de certains architectes, dont les réflexions ne seraient pas assez tournées vers ces enjeux d’accessibilité.

Auteur

  • N. T.