Sans remonter à la Joconde – serait-elle au Louvre si François Ier n’avait pas invité Léonard de Vinci à la cour ? – ni à Marie Skłodowska Curie, qui a permis à la France d’avoir deux prix Nobel pour une seule femme, notre pays a du mal à se doter d’une vraie politique – active – d’accueil. D’ailleurs, il a refusé, en 1940, la naturalisation française à Pablo Picasso… Et hier comme aujourd’hui, certains voient d’un mauvais œil l’arrivée d’étrangers. Mais à l’heure où les employeurs sont en mal de bras et de cerveaux, dans des secteurs variés – tech, métiers du soin, restauration, logistique… –, l’idée d’une immigration de travail refait surface. Reste qu’au-delà de régulariser quelques milliers de sans-papiers, le gouvernement a encore du mal à franchement assumer. Pour contourner la difficulté dans l’opinion publique, le projet de loi qui sera débattu à la rentrée de janvier met en avant les métiers en tension. C’est certes une bonne chose. Mais en conditionnant ainsi le permis de travail, la France ne privera-t-elle pas les bénéficiaires d’une évolution professionnelle possible, puisqu’ils seraient « assignés » à un secteur ? Elle a déjà fait cette erreur dans le passé, en assignant les travailleurs étrangers à certains quartiers, par exemple, sans chercher à vraiment les intégrer. Si elle veut être un pays monde, avec des entreprises qui regorgent de talents, qui déposent des brevets, qui conquièrent de nouveaux marchés, ne doit-elle pas aussi être celui de la mobilité – professionnelle, sociale, géographique – pour tous ?