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Spécial diversité

Confiance en soi : Comment déplacer des montagnes

Spécial diversité | publié le : 07.11.2022 | Lys Zohin

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Confiance en soi : Comment déplacer des montagnes

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Réussir à l’école est essentiel, en particulier pour les jeunes issus de la diversité, sociale et culturelle. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi croire en soi. L’Envol, un programme lancé en 2012 par La Banque postale sur l’ensemble du territoire, vise justement cette prise de conscience –  et de confiance.

« Silence » : Nicolas Mel, 26 ans, n’a pas appelé l’organisme de formation à la communication orale qu’il a lancé en 2018 par hasard… « J’étais enfermé dans ma timidité, je travaillais beaucoup à l’école, mais je n’avais pas confiance en moi. On ne me l’avait pas appris. Et je n’avais pas de vrai regard extérieur, objectif, bref, j’étais dans le silence, et cela me pesait », dit-il. Une « timidité » qui lui venait de sa famille – père ouvrier, mère auxiliaire de vie à Béziers, où il est né. Élève studieux et doué, il est sélectionné pour entrer dans un internat d’excellence qui cible précisément les jeunes issus de milieu modeste. Mais le déclic est venu, en classe de seconde, le jour où le directeur de l’internat lui propose d’entrer dans le futur programme de L’Envol, fruit d’une réflexion du groupe La Poste, en 2012. « Le sponsoring de la Route du Rhum touchait à sa fin et Philippe Wahl, PDG du groupe, et Philippe Bajou, directeur général adjoint, ont vite trouvé la réponse à la question : “dans quelle action investir ?”, relate Stéphanie Martin, la déléguée générale de L’Envol. Dans l’éducation et la jeunesse. » Car pour les deux dirigeants, cultiver la méritocratie, qui fait que ceux qui réussissent à l’école, quelle que soit leur origine, sociale, ethnique ou culturelle, peuvent trouver la place qu’ils méritent dans le monde professionnel, s’y épanouir et faire carrière au sein d’une économie de la connaissance comme la nôtre, était une évidence. Un must, même. En outre, grâce à son incomparable réseau, qui maille tout le territoire, l’entreprise, qui s’est dotée d’une ambition citoyenne à travers sa RSE, savait qu’elle pouvait agir aussi bien dans les banlieues défavorisées qu’en ruralité et dans les DOM-TOM. L’Envol était né.

Ouvrir au monde

Partenariat avec l’éducation nationale, contact avec les collèges, pour repérer les profils qui correspondent aux choix de L’Envol, mise en place d’un système de parrain individuel pour chaque bénéficiaire, à l’aide de bénévoles recrutés au sein des effectifs ou parmi les retraités du groupe La Poste, qui l’accompagnent pendant quatre ans, de la seconde à l’année post-bac, et programme d’étude, comprenant aussi bien des cours d’anglais (obligatoires), le développement de soft skills, la découverte de lieux culturels et d’institutions comme le Conseil d’État, un soutien matériel pour l’achat d’un ordinateur, des voyages et séjours organisés à l’étranger… Bref, l’idée de L’Envol est d’ouvrir les bénéficiaires (plus de 1 000 depuis 2012) du programme au monde dès leur plus jeune âge – puisque les deux dirigeants étaient conscients du fait que même à Marseille, certains jeunes ne vont jamais à la mer et que des ruraux n’ont jamais pris le train – pour qu’ils n’aient pas peur d’aller à Paris poursuivre leurs études, par exemple. En somme, pour qu’ils aient confiance en eux, déploient leurs ailes et réussissent dans la voie qu’ils auront choisie.

« Un parrain n’est pas un parent »

Pour Nicolas Mel, qui a donc fait partie de la toute première cohorte de L’Envol, avec pour parrain un membre de la direction des services informatiques de la Banque postale, à Marseille, cela a d’abord été Science Po, après le bac et une prépa, en partie financée par L’Envol, et un studio à Bagneux, trouvé là aussi grâce au programme et à un autre parrain, en Île-de-France. « Un parrain n’est pas un parent, prévient Nicolas Mel, c’est une personne avec qui on établit des liens de confiance. Le mien me donnait aussi des conseils sur des points d’amélioration. C’est avec lui que j’ai pris confiance en moi. C’est L’Envol qui a fait cela. » Mais si les étudiants de Science Po sont nombreux à vouloir devenir grand commis de l’État – en se présentant à l’ENA –, ambassadeur ou… journaliste, « au fur et à mesure de mes échanges avec mes parrains, je me suis dit que ce n’était pas pour moi, poursuit-il. Et cela m’a rassuré aussi de savoir que je pouvais véritablement choisir. » Il s’est aussi rendu compte, grâce au programme, que sa timidité n’était pas « une maladie », dit-il, et qu’il pouvait, même dans le silence, prendre sa place, voire « prendre le pouvoir », grâce à l’art oratoire. Il choisit donc l’entrepreneuriat et la création d’un organisme de formation à la communication orale. Aujourd’hui, il a déjà deux salariés. Et il a à cœur, demain, de jouer lui aussi les parrains à L’Envol.

Auteur

  • Lys Zohin