logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Partenariat

Santé au travail : Au-delà des vocations, les données pourraient être la clé de la santé de demain

Partenariat | publié le : 07.11.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Lors d’une récente table ronde organisée par L’Opinion et Entreprise & Carrières, les discussions sur l’avenir du secteur de la santé ont porté sur la nécessité de disposer de davantage de données. Les mutuelles qui fournissent des services aux entreprises sont particulièrement preneuses, aussi bien pour réaliser leurs missions que pour mener des actions de prévention.

Quels seront les contours de la santé du futur ? Au-delà des difficultés actuelles en matière de vocations et de recrutement, la digitalisation se profile comme l’une des clés du secteur à l’avenir. Ainsi, Antoine Tesnière, directeur de PariSanté Campus, structure qui a vocation à rassembler tous les acteurs du numérique liés à la santé en France pour favoriser la recherche, l’innovation et les synergies, espère bien « transformer les innovations en usages. Outre l’appropriation, notre objectif est d’industrialiser la réussite des start-up du secteur », a-t-il déclaré lors d’une récente table ronde organisée par L’Opinion et Entreprise & Carrières, en précisant en outre que PariSanté Campus travaille déjà avec les données du Système national des données de santé (SNDS).

Définir l’éthique

Reste que cette ambition sur la donnée doit avant tout être pilotée par les pouvoirs publics. « L’État doit devenir une plateforme qui définit les règles liées à l’inter-opérabilité et l’éthique, notamment, afin de favoriser le développement du secteur », a ainsi relevé Raphaël Beaufret, coresponsable de la délégation ministérielle au numérique en santé. Lancé en janvier, le carnet de santé électronique Mon espace santé s’inscrit dans cette logique, puisque les assurés y retrouvent leurs remboursements mais aussi tous leurs « épisodes de santé ». Par ailleurs, ce site proposera avant la fin de l’année un catalogue d’applications qui pourront accéder aux données de santé des assurés – après avoir obtenu leur accord. Enfin, un appel d’offres a également été lancé afin de créer dans les hôpitaux des systèmes de stockage de données, auxquels pourront accéder différents acteurs de la santé.

Prises en charge plus précoces

Sans surprise, les mutuelles qui ont des contrats avec les employeurs attendent avec impatience un meilleur accès aux données. C’est ainsi le cas de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) représentée à la table ronde par sa directrice générale, Séverine Salgado. « Les mutuelles revendiquent l’accès aux données dont elles ont besoin pour remplir leur mission », a-t-elle déclaré. Si elles ont accès aux données du SNDS, pour l’instant, elles ne peuvent pas encore « apparier » les données provenant de l’Assurance maladie avec celles déjà en leur possession. En outre, les données pourraient aussi être utilisées non seulement dans la gestion du risque et de la lutte contre la fraude, principalement dans le domaine dentaire et des prothèses auditives, mais également dans le but de mener des actions ciblées de prévention. « Nous souhaitons réviser les modalités d’accès aux données et leur valorisation », résume ainsi Séverine Salgado, qui souligne qu’il s’agit aussi d’un bénéfice potentiel pour les assurés sociaux et les patients.

Le chemin à suivre ne fait donc pas de doute pour Antoine Tesnière. « Avec une stratégie pilotée par les données, il sera possible d’avoir des prises en charge plus précoces, ce qui augmentera l’espérance de vie tout en réduisant les coûts », explique-t-il. Un nouveau champ de la prévention serait donc en passe de s’ouvrir, avec de nombreuses potentialités – et de nouveaux modèles à construire. « Beaucoup de données qui ne sont pas des données de santé constituent un gisement très précieux pour améliorer la santé au quotidien », ajoute-t-il.

Mais encore faudrait-il, pour atteindre cet objectif, libérer le potentiel d’innovation des acteurs de la santé… Stéphane Barde, directeur data de Malakoff Humanis, estime à cet égard que cantonner les données collectées à une finalité précise (avec le consentement éclairé du propriétaire des données) limite ce potentiel d’innovation. « Il faudrait plus de souplesse pour mieux comprendre les habitudes de vie, mener une prévention plus efficace et monter des programmes de détection précoce dans une perspective d’anticipation, explique-t-il. Nous avons pour l’instant accès à un champ de données trop restreint. Il nous en faudrait plus pour proposer les services dont les assurés ont besoin. L’intelligence artificielle est une usine de raffinage qui nécessite des données massives. » Dans ce cas, pourquoi ne pas créer un consentement individuel reposant sur l’intérêt général, afin d’éviter les limitations actuelles ? Autant de nouveaux cadres à définir…

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins