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Les clés

Patrons « de gauche » et « de droite »

Les clés | À lire | publié le : 07.11.2022 | Irène Lopez

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Patrons « de gauche » et « de droite »

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À l’occasion de sa première expérience professionnelle, l’auteur du Syndrome du patron de gauche s’est trouvé face à la réalité : s’ils récusent le terme de patron, les dirigeants de gauche n’ont rien des alliés des salariés qu’ils déclarent être…

« Les pires patrons, ce sont les patrons de gauche », a longtemps répété le père, syndicaliste, d’Arthur Brault-Moreau. Si le fils lui rétorquait dans sa jeunesse qu’il existe forcément de bons et de mauvais patrons, quelle que soit leur « couleur » politique, il n’empêche… Tout ce qui relève du champ lexical lié à l’employeur, au patron, au management ou au salariat est considéré en France comme libéral, apparenté à des valeurs de droite – et souvent rejeté.

Or l’auteur du Syndrome du patron de gauche estime que ce rejet est également typique du dirigeant se disant « patron de gauche ». L’expression souligne d’ailleurs à elle seule le paradoxe de la situation : comment peut-on, dans ces conditions, être patron et en même temps, de gauche ? Né en 1993, diplômé de Sciences Po, Arthur Brault-Moreau, militant dans des mouvements sociaux et des syndicats, a fait l’amère expérience du patronat de gauche dès sa première embauche. Et constaté que ce positionnement politique ne garantissait en rien le respect du droit du travail. Il a donc mené une enquête auprès d’environ 70 personnes (salariés, employeurs, chercheurs) autour de la question des conditions de travail dans les organisations engagées ou « de gauche » (médias, syndicats, partis, associations).

Premier enseignement : le patron de gauche n’assume pas qu’il est un patron. Et au-delà de la fonction, il en refuse les responsabilités qui en découlent. Ce malaise patronal semble d’abord lié à la formation. « On ne se forme pas à être patron, donc on ne se considère pas comme patron ; on ne se considère pas comme patron, donc on ne s’y forme pas », écrit-il. Derrière cela se cache aussi un refus de penser la question managériale. L’auteur interroge également les liens entre travail et engagement et plus généralement, le rapport entre organisations et travail : « qu’est-ce ce que le travail dans la gauche dit de la gauche ? », se demande-t-il ainsi.

Développement collectif

Arthur Brault-Moreau démontre en outre que ce comportement d’employeur dit de gauche induit une sur-responsabilisation des salariés. « Pourquoi ces derniers n’en profitent-ils pas pour instaurer un modèle de travail moins contraignant ? », se demande-t-il d’ailleurs dans son livre, sciemment décrit comme un manuel d’anti-management et un guide de développement collectif grâce aux solutions proposées. La plus ancienne reste l’action syndicale. « L’idée n’est pas simplement de prendre sa carte et de s’affilier, mais de voir que la forme d’action collective qu’est le syndicat apporte aussi des réponses aux problèmes posés par le management de gauche », insiste-t-il. Viennent s’ajouter d’autres tactiques, comme repenser la fonction employeur ou contraindre les patrons de gauche à mettre en œuvre des chartes d’expérimentation. À la fin de l’ouvrage figure un questionnaire amusant, auquel le lecteur pourra répondre pour savoir si son patron souffre du syndrome du patron de gauche.

Auteur

  • Irène Lopez