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Sur le terrain

Management : Aux États-Unis, les entreprises parient de nouveau sur les séminaires festifs

Sur le terrain | publié le : 31.10.2022 | Caroline Crosdale

Jugés coûteux et peu productifs, ces évènements avaient été délaissés, voire critiqués… Gage d’approfondissement de la culture d’entreprise, les voici réhabilités.

Et si l’on se retrouvait tous dans un lieu idyllique ? Pendant de longues années, les séminaires d’entreprise, mêlant travail et plaisir, ont eu mauvaise presse outre-Atlantique. Ils étaient même devenus synonymes de gaspillage extravagant. Ainsi, lorsque le groupe d’assurance AIG, en pleine crise financière et économique, avait réuni ses cadres supérieurs à l’hôtel St Regis de Monarch Beach, en Californie, les critiques avaient fusé. Comment l’entreprise osait-elle dépenser 400 000 dollars en une semaine au moment même où, accumulant les pertes, elle négociait son renflouement avec les pouvoirs publics ?

Et voici que ces séminaires de rêve ont repris des couleurs… Les entreprises qui les pratiquent justifient leur choix par le besoin de se retrouver ensemble après les séparations dues à la crise Covid. « Nous travaillons tous à distance, nous avons besoin de nous voir en personne pour construire notre culture d’entreprise, explique ainsi Jack Ezon, fondateur de l’agence de voyages de luxe Embark Beyond. C’est dur de trouver de bons salariés et de les fidéliser, c’est pour cela qu’on investit tant en eux. » Avant l’épidémie, Embark Beyond comptait tout juste 16 collaborateurs. Aujourd’hui, l’effectif est de 200. Et il n’y a plus de machine à café pour créer du lien entre anciens et nouveaux venus. Jack Ezon a donc décidé d’emmener ses équipes et ses fournisseurs, soit 300 personnes, aux Bahamas, à l’hôtel Baha Mar. Un lieu facile d’accès, dit-il, grâce aux liaisons directes depuis l’Europe et la côte Est américaine.

Surprise-party en pyjama

Pendant trois jours, fêtes et réunions de travail se sont succédé. Les invités ont fréquenté le night-club, fait du karaoké et un barbecue et même participé à une surprise-party en pyjama… Entre deux évènements festifs, les salariés ont pu réfléchir à la meilleure façon de travailler ensemble et de résoudre leurs difficultés avec les fournisseurs. Le fondateur d’Embark Beyond est si convaincu de l’utilité de ces réunions qu’il en a organisé d’autres, de moindre ampleur, avec des objectifs plus spécifiques, à Dubaï, au Mexique et à Charleston, aux États-Unis. Il n’est pas le seul.

Butchershop, une agence de conseil en transformation des entreprises, et la plateforme Sanity.io, qui aide ses clients à construire des expériences virtuelles, sont elles aussi des adeptes. Les quelque 130 salariés de Butchershop se sont ainsi retrouvés à Puerto Vallarta, au Mexique, lors d’un sommet pour « La Crème »… Ils ont fait du cheval, survolé la cime des arbres en tyrolienne et travaillé, un peu… Mais surtout, « nous avons créé un collectif, nous nous sentons plus proches les uns des autres », assure Dania Jimenez, porte-parole de Butchershop. La preuve ? Après cette réunion, les échanges entre salariés sur la plateforme Slack ont augmenté de 600 %…

Un resserrement des liens qui justifie ces dépenses. D’autant que Butchershop s’est convertie au travail à distance. Le bureau de San Francisco a été éliminé. Ce qui a permis d’économiser un million de dollars par an. De quoi financer ces évènements…

Démocratisation

Les 90 salariés de Sanity.io ont eux aussi fait leurs bagages, pour s’envoler vers la station de sports d’hiver de Fyri, en Norvège. Et ils ont adoré. « Même quand il leur faut prendre deux avions pour retourner chez eux, assure la responsable des ressources humaines, Denise Bindelglass. Et ils demandent tous la date de la prochaine fête… » Les trois fondateurs de Sanity.io étant norvégiens, il était important pour eux de montrer leurs racines, même si le numéro un est aujourd’hui basé en Californie. L’entreprise, très éclatée, avec la moitié de ses équipes en Europe et l’autre en Amérique du Nord, s’est donc dépaysée pendant trois jours. Les membres du conseil d’administration étaient eux aussi de la partie. Et tous ont participé à la chasse au trésor et aux excursions à vélo… « C’est une entreprise jeune, nombre de salariés ont été embauchés ces derniers mois, précise Denise Bindelglass. Ils n’avaient pas rencontré leur manager et n’avaient jamais vu les autres membres de leur équipe. »

Ce nouvel enthousiasme en faveur de ces « retraites » festives a été documenté par l’hôtel Baha Mar, qui a accueilli Embark Beyond. Ses statistiques montrent que les rencontres de groupes ont crû de 15 % par rapport à 2019. Et le nombre de participants a plus que doublé. Autrefois, seuls quelques cadres supérieurs en profitaient, aujourd’hui, c’est l’ensemble du personnel…

Auteur

  • Caroline Crosdale