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Le VIE redécolle

Le point sur | publié le : 23.10.2022 | Natasha Laporte

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Gestion de carrière : Le VIE redécolle

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À l’heure de la réouverture des frontières, les jeunes, privés de l’expérience à l’étranger pendant la crise sanitaire, ont plus que jamais des envies d’ailleurs. De quoi permettre au volontariat international en entreprise de retrouver des couleurs. Levier de croissance à l’export et outil de fidélisation des talents pour les entreprises, le programme s’affirme aussi comme un accélérateur de carrière pour les volontaires.

L’horizon se dégage enfin pour le volontariat international en entreprise (VIE). Après avoir été cloué au sol par la crise sanitaire, ce programme, créé en 2000, qui permet aux 18-28 ans de faire, pendant 6 à 24 mois, une première mission professionnelle à l’étranger pour le compte d’une entreprise de droit français, redécolle. Les chiffres l’attestent : 10 500 jeunes en VIE en poste fin 2019, 7 000 en septembre 2021, mais plus de 8 000 aujourd’hui, selon Business France, qui gère le dispositif. « Petit à petit, nous retrouvons un rythme de 1 000 départs par mois, ce qui est très positif, notamment grâce aux États-Unis qui ont rouvert leurs frontières. Nous espérons en atteindre 9 000 avant la fin de l’année », mentionne Marie Piffaut, responsable du service talents au sein de la direction VIE de Business France.

Un nouvel envol qui se confirme, par exemple, chez Saint-Gobain, présent dans 76 pays et utilisateur traditionnel du VIE. « La pandémie nous a fait perdre 40 % de nos missions VIE, essentiellement par fermeture de frontières. Nous allons terminer l’année au même niveau qu’avant la pandémie et nous prévoyons pour 2023 de le dépasser, compte tenu des missions en cours et des demandes du terrain », indique ainsi Goulven de la Bellière, adjoint au directeur de la gestion des cadres de Saint-Gobain.

De fait, le groupe, qui comptabilise à ce jour un total de 850 missions dans 45 pays depuis qu’il utilise le VIE – et, avant lui, son ancêtre, la coopération du service national en entreprise –, est convaincu par le programme.

Tremplin de carrière

« Partout où Saint-Gobain s’est implanté, nous avons systématiquement eu recours à des VIE pour accompagner ce développement, poursuit Goulven de la Bellière. De même, le VIE a fait ses preuves en tant que tremplin dans le groupe, puisque ces dernières années, plus de la moitié des VIE y ont poursuivi leur vie professionnelle. » En outre, « parmi nos top dirigeants, six ont commencé leur carrière par un VIE », ajoute-t-il. Un programme, en somme, intégré à la stratégie RH et nourri par une culture de feedback entre jeunes et tuteurs, ainsi que par la valorisation des volontaires. L’entreprise récompense en effet, dans le cadre de son « Young talent award », les meilleurs d’entre eux.

De même, le VIE se confirme en tant qu’accélérateur d’insertion et de carrière dans les résultats d’une récente enquête réalisée par l’Edhec NewGen Talent Centre, pour le compte de Business France. À en juger par les réponses de près de 4 000 jeunes diplômés sondés, le dispositif est apprécié, que ce soit pour la perspective internationale, la diversité des missions ou leur impact sociétal. « Le taux d’insertion de VIE dans l’emploi est considérable », assure Manuelle Malot, directrice du NewGen Talent Centre.

Avantage aussi pour les employeurs à l’heure de la guerre des talents, le VIE tient ses promesses en tant qu’outil d’attractivité et de fidélisation. En effet, « un jeune sur deux choisit de poursuivre sa carrière dans l’entreprise où il a effectué son VIE, que ce soit dans le pays de la mission, de retour en France ou dans un pays tiers », commente-t-elle.

Gare à l’inflation !

Reste que le VIE se heurte aujourd’hui à un défi inédit : celui de l’augmentation du coût de la vie, en particulier en Amérique du Nord, couplée en outre à un taux de change défavorable à l’euro par rapport au dollar. Un collectif de jeunes volontaires aux États-Unis s’est même formé pour tirer la sonnette d’alarme. Pour gérer cette situation, il existe certes « un mécanisme d’ajustement automatique de l’indemnité, fixé par le ministère des Affaires étrangères, qui permet, tous les trois mois, de remettre à niveau les indemnités de VIE pour prendre en compte le différentiel d’inflation entre la France et le pays de mission et l’évolution du taux de change », rappelle Christophe Monnier, directeur du programme VIE chez Business France. Mais précisément, ce système ne prend effet qu’avec un certain décalage… De quoi avoir incité Business France à dégainer cet été « des mesures d’urgence pour les États-Unis et le Canada, afin de compenser, au moins temporairement, l’effet de décalage dans le temps », indique-t-il.

Autre solution potentielle, la possibilité, pour l’entreprise d’accueil, de prendre en charge, de manière partielle ou totale, le coût du logement. « À peu près la moitié des jeunes bénéficient de la prise en charge de leur logement par l’entreprise, précise ainsi Christophe Monnier. Nous suivons attentivement l’évolution de la situation, le taux de change variant fortement et nous n’excluons pas, si besoin, de prendre de nouvelles mesures d’urgence pour que les jeunes ne se retrouvent pas dans des situations difficiles. Et les entreprises sont aussi très vigilantes à ce sujet. »

L’ambition, en tout cas, est de maintenir l’attrait du dispositif. Celui-ci est, par ailleurs, dopé par le Chèque Relance VIE : une aide spécifique, allant de 5 000 à 10 000 euros, dans le cadre du plan France Relance du gouvernement, cumulable avec les aides régionales, et qui vise en priorité les PME et les ETI. Pour rappel, les entreprises ont jusqu’au 15 décembre prochain pour déposer des demandes d’affectation ou de prolongation. Un coup de pouce financier pour intégrer les jeunes talents au sein des équipes et, grâce à eux, mieux conquérir de nouveaux marchés.

L’indemnité forfaitaire

Le volontaire international en entreprise perçoit une indemnité forfaitaire, non imposable en France, comprise entre 1 609 euros et 5 041 euros en 2022, en fonction du pays, voire de la ville d’affectation. Elle est composée d’un fixe et d’un variable qui dépend de la destination. Les montants sont fixés par arrêtés trimestriels par le ministre des Affaires étrangères et le ministre délégué au Budget. L’indemnité est refacturée en intégralité à l’entreprise.

Le VIE en bref

97 887 jeunes ont bénéficié du dispositif depuis sa création en 2000.

26 ans : âge moyen en poste.

57 % étaient des hommes et 43 % des femmes.

121 pays accueillent actuellement 8 175 VIE pour le compte de 1 700 entreprises.

Top 5 des destinations

1. Belgique

2. Allemagne

3. Canada

4. Espagne

5. États-Unis

Auteur

  • Natasha Laporte