Comment est perçu le harcèlement dans l’entreprise ? Quel est le niveau de connaissance et de maîtrise du sujet ? « Nous n’avions pas de données fiables sur ces informations, très simples en apparence mais très complexes à obtenir », constate Camy Puech, fondateur et président de Qualisocial, un cabinet spécialisé en QVT et prévention des RPS. D’où la décision de réaliser avec Ipsos un baromètre. Ainsi, pour 74 % des 2 000 actifs interrogés, le sujet est considéré comme très répandu, et même de plus en plus pour 62 %. Mais seuls 4 % des répondants en auraient une bonne connaissance : difficile de caractériser les formes de harcèlement pour beaucoup, et, pour 44 %, de décrire la législation en vigueur. « Les managers s’estiment mieux informés, mais ils ont cependant du mal à identifier des situations de harcèlement », ajoute le commentaire du baromètre. Le tout avec un effet générationnel : « Les plus de 45 ans minorent les situations, les moins de 35 ans les majorent. » Et à la question : « Avez-vous été témoin, victime, ou même auteur de situation de harcèlement », 40 % des répondants disent avoir été témoins, 35 % victimes – et 13 % auteurs… « Parmi les managers, 36 % admettent avoir déjà été auteurs », détaille Camille Puech.

Sur la question de la prise en compte et en charge du harcèlement par les entreprises, le constat n’est guère encourageant. « La première demande des salariés est d’avoir un outil pour pouvoir s’exprimer en toute liberté, d’être accompagnés psychologiquement et formés, de même que l’ensemble de l’organisation, et qu’il y ait au besoin des sanctions, précise-t-il. Or tout cela fait partie des obligations légales. » Qualisocial a accompagné des entreprises qui ont été confrontées au harcèlement, par le biais d’outils de signalement et de libération de la parole, associés à un accompagnement psychologique. « Cela ne veut pas dire qu’après il n’y a plus du tout de problème, mais certains peuvent se rendre compte qu’ils vont trop loin », conclut Camy Puech.