Port de charges lourdes, travail debout, répétitif : la pénibilité physique au travail (et ses conséquences sur la santé) affecte inégalement la population, rappelle l’Observatoire des inégalités le 27 septembre 2022. En effet, près des deux tiers des ouvriers non qualifiés déclarent des contraintes physiques, contre 6 % des cadres en 2016. « Ces conditions inégales du travail sont rarement en débat », regrette l’étude. Derrière se retrouve le clivage entre les emplois de bureau et les emplois manuels d’exécution. Outre les mouvements et les postures, ces postes physiques sont également plus exposés aux inégalités environnementales : le bruit, les poussières et les produits cancérigènes « marquent les corps ». Cet environnement dégradé génère « une fatigue, des maladies et des handicaps qui réduisent la qualité de vie de ceux qui y sont le plus confrontés ». Par ailleurs, ces conditions vont également de pair avec un manque d’autonomie, c’est-à-dire un rythme de travail imposé par un contrôle hiérarchique permanent pour 43 % des ouvriers, contre 18 % des cadres. Même si « historiquement, les conditions de travail se sont améliorées » sur la dernière décennie, les « principaux indicateurs d’inégalités ne diminuent pas ». Une proportion considérable des travailleurs « continue à exercer des emplois éprouvants dans des environnements dangereux ». Or « cette pénibilité est très loin d’être reconnue à sa juste valeur – qu’il s’agisse de salaire ou d’estime sociale – dans un pays qui ne jure que par le travail “intellectuel” au détriment des tâches manuelles. »